Les réserves de changes de l'Algérie ont baissé d'environ 8 milliards de dollars en trois mois, passant de 193,269 milliards de dollars à fin juin 2014 à 185,273 milliards de dollars à fin septembre de la même année a annoncé, jeudi, le gouverneur de la Banque d'Algérie, lors de la présentation des tendances monétaires et financières au cours des neuf premiers mois de l'année 2014. Après de successives et considérables hausses, les réserves de changes de l'Algérie connaissent un fléchissement depuis 2014 sous l'effet combiné de la baisse des cours pétroliers et des exportations des hydrocarbures, ainsi qu'une hausse fulgurante des importations, relève l'APS. La Banque d'Algérie avait déjà constaté, au 1er semestre 2014, la baisse des réserves de changes. "Les réserves officielles de changes se sont contractées à 193,269 milliards de dollars à fin juin 2014, après une progression au 2e semestre 2013 à 194 milliards de dollars en fin de période. Corrélativement à l'effet de valorisation, l'encours des réserves de changes (or non compris) a progressé à 194,961 milliards de dollars à fin mars 2014, pour ensuite se contracter au 2e trimestre 2014", avait souligné la Banque d'Algérie dans son rapport sur "les tendances monétaires et financières au 1er semestre 2014". Le fléchissement des réserves de changes s'est accéléré entre juin et septembre de l'année passée. Et certains s'interrogent sur le niveau élevé de cette baisse, plus de 8 milliards de dollars et leur destination. Il faut relever que contrairement à d'habitude, la Banque d'Algérie a préféré ne pas inviter la presse. En fait, à quoi servent les milliards de dollars de réserves de changes placés à l'étranger ? Tout simplement, comme l'avait expliqué dans une contribution le collectif Nabni, à fournir aux importateurs algériens des devises pour régler leurs factures d'importation. C'est pour cela qu'elles prennent le nom de "réserves de changes". Quand une entreprise voudra importer un produit, elle règlera la facture en déboursant des dinars que la Banque d'Algérie convertira en dollars (en allant puiser dans les fameuses réserves de changes), pour payer le fournisseur étranger. "Ces réserves ne sont finalement utiles que pour régler les factures en devises de nos importations. C'est important. En avoir autant nous assure, et assure nos partenaires étrangers, que nous ne devrions pas avoir de soucis dans les années à venir pour régler les factures en devises de nos achats à l'étranger", explique Nabni. Si les réserves de changes baissent rapidement, c'est que les rentrées financières sont moins importantes que les sorties. La Banque d'Algérie l'avait relevé au 1er semestre 2014. Le déficit du compte courant de la balance des paiements s'est aggravé au cours du 1er semestre de l'année passée, notamment au 2e trimestre, comparativement à la même période de l'année 2013. En effet, ce déficit est passé de 350 millions de dollars au 1er semestre 2013 à 2,3 milliards de dollars au 1er semestre de 2014, sous l'effet de la contraction de l'excédent du solde commercial et du creusement des déficits des postes services et revenus. L'excédent appréciable du compte capital, 0,976 milliard de dollars, contre 1,235 milliard de dollars au 1er semestre 2013, en situation de stabilisation du flux au titre des investissements directs étrangers nets à 0,75 milliard de dollars, n'a pu que partiellement compenser le déficit du compte courant, de sorte que la balance des paiements extérieurs globale a dégagé un déficit de 1,32 milliard de dollars au 1er semestre 2014 ; le 1er semestre de l'année 2013 ayant enregistré un excédent (0,89 milliard de dollars). En conséquence, les réserves officielles de changes se sont contractées à 193,269 milliards de dollars à fin juin 2014. "L'iceberg est là, bien visible", pour reprendre le collectif Nabni, personne ne peut le nier. "Le grand virage doit être engagé d'urgence : couper le cordon de la rente, diversifier les recettes fiscales, adopter une vision économique cohérente, élever l'emploi au rang de priorité nationale et réformer en profondeur la gouvernance économique", tels sont les 4 leviers de la vision économique d'Algérie 2020 qu'avait proposés le think tank. M.R.