Résumé : À son retour à la maison, Wassila se heurte à Khadidja. Cette dernière était sur le palier et attendait son mari. Wassila tente de la rassurer... Mais Khadidja ne cache pas ses soupçons quant à une éventuelle relation extraconjugale. Son ton ne laissait aucun doute... Elle était l'intruse toute désignée. Elle ne put terminer sa phrase et éclate en sanglots. Wassila sentit sa gorge se serrer et la prend en compassion. Elle l'exhorte à rentrer chez elle : -Viens Khadidja... Quelqu'un pourrait monter et te voir dans cet état... Nous pourrions discuter plus tranquillement chez toi. Docile, Khadidja se laisse conduire telle une petite fille, et ouvrit la porte de son appartement tout en s'accrochant à Wassila. Un son de téléviseur leur parvint du salon. Les enfants regardaient des dessins animés, et Wassila entraîne Khadidja dans sa chambre : -Tes nerfs sont à fleur de peau ma chère voisine... Tu devrais te reposer davantage... Athmane finira par rentrer... Il ne faut surtout pas faire de scène devant les enfants. -C'est ce que je ne cesse de lui répéter... Mais il ne veut rien comprendre... Il m'a dit que je suis la cause de ses malheurs, et que c'est à cause de moi qu'il a raté sa vie. Wassila rabat la couette, et aide Khadidja à se mettre au lit : -Essaye de te reposer Khadidja... Je prends les enfants avec moi pour leur donner à manger. Tu peux t'endormir sans crainte. Khadidja pleurait encore : -Je ne sais plus quoi faire... Athmane va encore faire des siennes et ne revenir que vers les premières heures du matin. -Peut-être qu'il rentrera plus tôt que prévu... Athmane n'est tout de même pas un être insensible... Il va penser avant tout à ses enfants. Khadidja renifle et se mouche : -Je n'en sais rien... Je ne le reconnais plus... Je ne sais plus à qui faire confiance... Elle se remet à pleurer, et Wassila s'empresse d'éteindre la lumière et de quitter les lieux. La jeune femme ne revit pas Athmane les deux jours suivants. Son esprit était préoccupé par son prochain mariage. Elle se réjouissait aussi à la perspective de lancer bientôt son propre salon de coiffure. Elle avait visité le local et apprécié ses dimensions. Jamais plus elle n'aura à travailler chez autrui pour un revenu minable. Elle sera désormais une patronne et pourra demander à Feriel de venir la seconder. Elles travailleront ensemble et se spécialiseront dans la coiffure et l'esthétique. Elle ferme les yeux un moment. Lyès était tombé du ciel, au moment où elle désespérait de trouver un mari. Des années durant, elle avait rêvé de lancer son propre salon.... Elle soupire, le destin venait de lui offrir ce dont elle a toujours rêvé, au moment où elle n'attendait plus rien de la vie. Elle repense à Khadidja... Pauvre femme, se dit-elle... Qui y a-t-il de plus malheureux pour une épouse que de savoir que son mari la trompe ? Elle sursaute. Khadidja avait insinué qu'elle connaissait l'intruse qui était la cause de ses malheurs... Parlait-elle d'elle ? Elle en était presque certaine. Un pincement au cœur lui rappelle que durant trois ans elle avait espéré que Athmane l'épouserait... Et maintenant ? Eh bien maintenant, elle va épouser Lyès, et Khadidja pourra soupirer d'aise... Pas pour longtemps cependant, car Athmane ne l'aimait pas et ne se gênera point pour se trouver une autre nana... Au troisième jour, alors qu'elle revenait de chez sa couturière, elle rencontre Athmane à l'arrêt de bus. Il ne lui sembla pas aussi ivre que la dernière fois, mais sa barbe hirsute et ses vêtements sales et débraillés renseignaient sur sa détresse. Il l'avait vue et s'était avancé tout bonnement vers elle. Elle tente de prendre un air détaché pour demander : -Athmane ? Quelle surprise ! -Un surprise hein ? Je deviens une surprise maintenant ? -Je veux dire que je ne m'attendais pas à te rencontrer... Le visage de l'homme vire au rouge et Wassila crut qu'il allait la gifler. Mais il se détendit et passe la main sur son visage avant de lancer : -Bien sûr que tu ne t'attendais pas à me rencontrer, puisque tu me fuis. -Heu... Non... Je t'assure que... -Si... Wassila sursaute. La voix aiguisée de Athmane n'était pas pour la rassurer. Il continue sur un ton moins brutal : -Si Wassila... Si... Tu me fuis... Tu vas te marier... Adieu nos projets et tout l'amour qu'on ressentait l'un envers l'autre. Wassila sentit son cœur battre à tout rompre et le souffle lui manquer. Elle savait que Athmane n'allait pas la lâcher et risquait même de la brutaliser. (À suivre) Y. H.