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Les premières mesures préconisées par Valls Isolement des djihadistes dans les prisons, surveillance des réseaux sociaux et renseignements sur les voyageurs
La vague d'attentats terroristes à Paris a fait prendre conscience à la France de la faillite de son système carcéral qui apparaît comme un vrai cocon d'endoctrinement et de radicalisation des islamistes. Une fois l'émotion passée, les autorités françaises ont décidé d'agir, sans attendre que se structure l'éventuelle riposte solidaire qu'elles pouvaient attendre après le large élan de solidarité manifesté par les Etats du monde entier. Moins d'une semaine après les attentats contre l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, de Montrouge et de l'hypermarché casher de la Porte de Vincennes, des mesures sont annoncées. Autres que celles immédiates liées au renforcement des dispositifs policiers et militaires dans le cadre du plan Vigipirate porté, faut-il le rappeler, à son niveau d'alerte le plus élevé. Prononçant un discours devant l'Assemblée nationale française, le Premier ministre français, Manuel Valls, a indiqué que, d'ici à fin 2015, les djihadistes emprisonnés seront isolés dans des quartiers spécifiques. La mesure était attendue. Les nombreux spécialistes auxquels la problématique du milieu carcéral, qui sert de lieu de radicalisation islamiste, a été soumise, notamment lors de leurs passages sur les plateaux de télévision, ont préconisé une telle mesure. Le coordinateur européen pour la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove, a soutenu que "les prisons sont un incubateur de radicalisation massive". Néanmoins, les experts ont averti quant aux risques encourus également en cas d'isolement total. Une situation qui pourrait encore radicaliser plus l'isolé dans la mesure où il perdrait le sens des réalités. L'avertissement semble avoir été entendu par les autorités françaises, puisque Manuel Valls a évoqué un isolement "dans des quartiers spécifiques". L'annonce de la mesure faite, Manuel Valls aura, lui ou un autre, une année pour en énoncer les aspects pratiques. Cette mesure, qui vise seulement à éviter que les prisons ne servent de lieu de radicalisation islamiste, sera accompagnée de la mise en place annoncée d'un dispositif français sur le système d'échanges de données des passagers européens, le fameux Passenger Name Record (PNR). Mais en attendant, Manuel Valls a demandé au ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, de lui adresser "sous huit jours" des propositions sur un renforcement du contrôle des réseaux sociaux "plus que jamais utilisés pour l'embrigadement, la mise en contact et l'acquisition de techniques permettant de passer à l'acte". Le Premier ministre français a annoncé que le système français en la matière sera mis en place d'ici à septembre 2015. "Au cours de l'année, nous lancerons également la surveillance des déplacements aériens des personnes suspectes d'activités criminelles", a affirmé Valls, précisant que "la plateforme de contrôle française sera opérationnelle dès septembre 2015". Cependant, si les Français s'engagent ainsi à contribuer au système de collecte de données sur les passagers aériens, il faut, pour que le reste de l'Europe suive, que le Parlement européen lève son blocage du PNR. Le Premier ministre français a, d'ailleurs, joint sa voix à celle du président du Conseil européen qui, immédiatement après les attentats de Paris, a appelé, lui aussi, à lever le blocage. Pour rappel, le Parlement bloque le PNR depuis 2011. Manuel Valls, qui a estimé que le dispositif est indispensable, a, lui aussi, lancé un appel solennel. En novembre, le même Parlement a gelé un accord dans ce sens, conclu avec le Canada. La justice européenne s'en trouve saisie. Il est utile de savoir que le PNR, ce sont les informations que les transporteurs récoltent auprès des passagers qu'ils transportent au moment de la réservation et de l'enregistrement. Le Parlement européen estime que fournir ces informations est une atteinte à la vie privée des personnes. Le Premier ministre français a justifié devant les députés qu'"à une situation exceptionnelle doivent répondre des mesures exceptionnelles. Mais je le dis avec la même force : jamais des mesures d'exception qui dérogeraient au principe du droit et des valeurs". Manuel valls, qui a évoqué aussi le renforcement des services du renseignement intérieur, a indiqué que la surveillance concerne plus de 1 250 individus, rien que pour la filière syro-irakienne. S.A.I.