Désireux de profiter de leur expérience en la matière, les Européens ont décidé de coopérer avec nombre de pays arabes et musulmans, dont l'Algérie, dans le but d'améliorer la "coordination" en matière "d'échange d'informations" et de "renseignement". Les attentats terroristes de Paris ont eu pour effet de permettre aux Européens de mettre le doigt sur les carences de leurs services de renseignement respectifs, qui n'ont pas collaboré comme il se doit dans la lutte antiterroriste, en raison notamment d'absence de coopération avec des pays ayant une grande expérience en la matière, à l'image de l'Algérie. A partir de ce constat l'Union européenne a décidé lundi d'enrôler la Turquie et les pays arabes dans leur lutte contre le terrorisme. La cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a indiqué : "Nous préparons des projets spécifiques à lancer dans les prochaines semaines avec des pays précis pour accroître le niveau de coopération en matière de contreterrorisme", en citant au passage "la Turquie, l'Egypte, le Yémen, l'Algérie, des pays du Golfe". Cette annonce a été faite à la suite d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE, à laquelle avait été convié le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi. Dans cette optique, il a été décidé une meilleure "coordination" en matière "d'échange d'informations" et de "renseignements", au sein de l'UE mais aussi avec "d'autres pays". Des "actions concrètes immédiates" seront lancées, telle la présence "d'attachés de sécurité dans toutes les délégations de l'UE dans les pays pertinents", afin d'entretenir des "contacts réguliers entre professionnels de la sécurité et du contreterrorisme", a expliqué Mme Mogherini. Cette dernière a récusé tout "deux poids deux mesures", en soulignant que les "premières victimes du terrorisme sont les musulmans et les pays arabes". La haute responsable de la diplomatie européenne a plaidé pour le "dialogue et l'alliance pour éviter toute perception d'un choc" des civilisations. Pour le secrétaire général de la Ligue arabe, la lutte contre le terrorisme n'est pas seulement "une question militaire ou sécuritaire". Il fallait la faire aussi "au niveau intellectuel, culturel, médiatique, religieux", a-t-il estimé, avant d'ajouter : "C'est cela que nous tentons". Il ne fait aucun doute que la coopération en matière de renseignement, le renforcement des contrôles aux frontières de l'espace Schengen, la lutte contre le trafic d'armes ou la création d'un registre commun des passagers aériens (PNR) sont devenus une priorité des dirigeants européens après les attentats meurtriers de Paris. Les 28 membres de l'UE ont donc appelé le Parlement européen à "relancer le travail sur le PNR", que les élus européens bloquent depuis 2011 en réclamant des garanties sur la protection des données personnelles. Ces questions seront discutées par les ministres compétents, ceux de l'Intérieur, le 29 janvier à Riga, et surtout par les chefs d'Etat et de gouvernement le 12 février, lors d'un sommet consacré à la lutte contre le terrorisme. Ceci étant, plusieurs chefs de la diplomatie de pays de l'UE participeront dès demain à Londres à une rencontre organisée en commun par le Royaume-Uni et les Etats-Unis entre pays membres de la coalition contre le groupe terroriste Daech en Syrie et en Irak. M. T.