Américains et Britanniques ont tenu vendredi des propos fermes envers Bagdad et enclenché des préparatifs d'envergure qui renforcent la perspective d'un conflit armé en Irak. Le président Bush a, de son côté, renoncé à se rendre en Afrique à la mi-janvier, relançant les spéculations sur la date d'une éventuelle intervention contre l'lrak. La Maison-Blanche a invoqué notamment des "considérations internationales" pour justifier l'ajournement de ce voyage prévu du 10 au 17 janvier, et un haut responsable a indiqué qu'il s'agissait d'une référence implicite à la crise irakienne. Selon des spécialistes américains en stratégie, une guerre pourrait être déclenchée en février, après un dernier mois de négociations diplomatiques et la remise, le 27 janvier au Conseil de sécurité par le chef des inspecteurs de l'ONU, Hans Blix, de son rapport officiel sur la déclaration irakienne. “Hier a été un jour décevant pour ceux qui veulent la paix”, a résumé le président américain George W. Bush, en évoquant les premiers commentaires à l'ONU sur la déclaration irakienne sur ses programmes d'armement. À la différence des Etats-Unis, la Russie ne considère pas que l'lrak est en état de violation de la résolution 1441 des Nations unies, au vu du rapport des inspecteurs sur la déclaration irakienne remis à l'ONU, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Igor Ivanov, cité par l'agence Interfax. Pour le moment, le Conseil de sécurité poursuit l' examen de cette déclaration jugée négativement par plusieurs de ses membres. Jeudi, les chefs des inspecteurs avaient émis les premières impressions mitigées à son sujet. Le chef de la Commission de contrôle de vérification et d'inspection des Nations unies (COCOVINU), Hans Blix, a exhorté sur la BBC, Washington et Londres à livrer “des preuves” que l'lrak détient des armes de destruction massive, regrettant qu'ils ne révèlent pas “où elles sont”. À Washington, un haut responsable américain a semblé indiquer qu'une aide en ce sens allait être apportée aux inspecteurs. “Vous allez voir un rôle croissant des inspections” qui vont être utilisées “pour vérifier la déclaration” irakienne, a-t-il dit sous couvert d'anonymat. Une nouvelle réunion du Conseil de sécurité est prévue début janvier, quand les 15 pays membres “auront pu finir leur propre travail d'analyse” du document irakien, selon son président en exercice, I'ambassadeur colombien Alfonso Valdivieso. Les Etats-Unis, qui ont déjà quelque 65 000 militaires dans le Golfe, vont envoyer dans la région 50 000 hommes supplémentaires et des milliers de tonnes d'armes et équipements militaires, a annoncé le Pentagone. Lors d'une inspection à la base américaine d'As-Sayliyah, au Qatar, le chef d'état-major interarmées américain, le général Richard Myers, a précisé que les renforts militaires visaient à “renforcer la diplomatie”. Le Premier ministre britannique Tony Blair a demandé aux forces de défense de son pays de se préparer. “Quelquefois, la meilleure façon d'éviter la guerre est de s'y préparer” et Washington et Londres n'ont “aucun doute” sur le fait que l'lrak détient des armes de destruction massive, a-t-il souligné.