Les experts de cinq pays du bassin du lac Tchad (CBLT), le Tchad, le Niger, le Nigeria, le Cameroun et le Bénin ont finalisé, samedi, les documents pour l'opérationnalisation d'une force multinationale mixte de 8 700 hommes pour la lutte contre Boko Haram. Dans le communiqué sanctionnant cette réunion, les représentants des pays susmentionnés ont fait l'annonce de contribution de personnels militaires, de police et civils, mais, sans préciser ni la contribution par pays ni le décompte militaires/civils/police. Le calendrier de déploiement de cette force reste inconnu également. Il faudra attendre pour voir la force entrer en action ; selon les experts, "un groupe restreint travaillera dans les jours qui viennent sur les détails de l'apport de chaque Etat et élaborera le budget initial de la Force". Néanmoins, l'agence Anodulu a révélé, selon les indiscrétions d'un expert ayant souhaité garder l'anonymat, que le Nigeria a proposé 3 250 hommes, le Tchad 3 000 hommes, le Cameroun 950 personnes tandis que le Bénin et le Niger ont proposé chacun 750 hommes, "d'où l'effectif de 8 700 au lieu de 7 500 hommes comme l'avait proposé l'Union africaine" quoiqu'il n'y ait pas de doute que cette force dépendra pour sa survie des subventions des partenaires de l'Afrique, notamment l'ONU, et certaines puissances de l'UE, à l'instar de la France, qui s'est engagée à en assurer la logistique. Lors de leur réunion, les cinq pays ont, en outre, entériné la décision prise le 20 janvier par les ministres des pays de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT) d'installer le quartier général de cette force à N'Djamena. Ils ont aussi proposé "l'établissement d'un commandement central militaire et d'un mécanisme conjoint de coordination sous l'autorité desquels opéreront les troupes constituées par les Etats membres de la CBLT et le Bénin". Quant aux zones d'opération de la Force, elles ont été définies "sur la base de principales zones d'activité actuelles de Boko Haram, tout en laissant la latitude au commandant de la force de demander un élargissement de ces zones, le cas échéant, auprès des autorités compétentes de la CBLT", a rapporté l'agence citée plus haut, selon le rapporteur des travaux. "Le concept d'opération de la Force sera ensuite transmis au Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine pour approbation et transmission au Conseil de sécurité des Nations unies", indique cependant le communiqué des experts. Car, pour les experts, ce concept est nouveau et ne ressemble aucunement aux précédents, notamment à la force en attente, qui attend sa mise en œuvre depuis 2013, en ce sens que les pays doivent céder une partie de leur souveraineté sur leur territoire au profit du cadre supranational, mieux adapté pour la lutte contre le terrorisme transfrontalier. Mais les éléments constitutifs de cette force multinationale commencent d'ores et déjà à être mis en place, en témoigne le Niger, dont le Parlement doit voter aujourd'hui l'envoi de troupes au Nigeria, ainsi que le déploiement des forces tchadiennes au nord du Nigeria. Le Tchad a déjà engagé ses troupes sur deux fronts, aux frontières camerounaise et nigérienne. A la frontière entre le Cameroun et le Nigeria, il a déployé un contingent d'environ 2 500 hommes. Le Tchad a également massé des troupes avec plus de 400 véhicules à la frontière Niger-Nigeria aux côtés des forces nigériennes. A. R.