"Un nombre incalculable d'affaires — sans doute près d'une cinquantaine —, des procès à répétition, des plaintes à tiroirs, des audiences ajournées par les magistrats et des procédures incompréhensibles : l'ancien directeur du quotidien Le Matin, Mohamed Benchicou, est au cœur d'une saga judiciaire qui n'est pas sans rappeler Le Procès, le célèbre roman de Frantz Kafka. L'auteur pragois y décrit, de manière angoissante, les absurdités d'une justice bureaucratique et partisane aux procédures cauchemardesques", écrit reporters sans frontières (RSF) dans un communiqué daté du 4 décembre. Incarcéré depuis le 14 juin à la prison d'El-Harrach pour “infraction à la loi régissant le contrôle de change et le mouvement de capitaux“, Mohamed Benchicou ne cesse depuis de se présenter devant le tribunal pour répondre à diverses accusations émanant pour l'essentiel des institutions de l'Etat. Hier encore, le tribunal a dû reporter un procès "en diffamation" intenté par le ministère de la défense contre le journal Le Matin pour une caricature du dessinateur Le HIC. À la veille de la célébration du 56e anniversaire de la proclamation de la déclaration universelle des droits de l'homme, RSF demande aux autorités algériennes de faire "preuve de clémence". “Nous demandons à la justice algérienne de mettre un terme au harcèlement judiciaire contre Mohamed Benchicou. Les autorités ont déjà obtenu la fermeture du journal Le Matin et l'emprisonnement de son directeur depuis bientôt six mois. L'heure est maintenant venue de songer à faire preuve de modération et de clémence", ajoute RSF. Ce plaidoyer pour la libération du célèbre chroniqueur est aussi revendiqué par le Comité Benchicou pour les libertés qui, dans un communiqué rendu public hier, appelle à l'union des voix “pour que le journaliste soit libéré ! Pour que cesse le harcèlement judiciaire des journaux et des journalistes ! Pour que le délit de presse soit dépénalisé ! Que tous les jeunes manifestants incarcérés suite à leur protestation anti-hogra et contre la répression soient remis en liberté". À noter, par ailleurs, que le comité entend organiser une conférence de presse samedi prochain au siège du journal à Alger. K.K.