Des affrontements violents ont éclaté, hier, entre les manifestants et les gendarmes chargés de la sécurité de la base de vie de l'entreprise Halliburton. Les protestations des antigaz de schiste dégénèrent en émeutes à In-Salah. De violents affrontements ont éclaté, hier, entre les manifestants et les gendarmes chargés de la sécurité de la base de vie de l'entreprise Halliburton, a-t-on appris d'une source locale. Le premier bilan fait état de trois blessés parmi les gendarmes qui ont été évacués vers l'établissement hospitalier de la ville. À défaut de moyens de prise en charge médicale, l'une des victimes a été transférée sous le sceau de l'urgence vers l'hôpital militaire d'Aïn Naâdja (Alger), vu son état critique et la gravité de ses blessures, ajoute notre source, précisant que plusieurs activistes ont été interpellés. Après deux mois de protestations pacifiques contre "l'exploration" des ressources schisteuses dans le Sud, les habitants d'In-Salah décident ainsi de passer la vitesse supérieure et de recourir aux pratiques nourrissant le dessein de la révolte pour faire valoir leur revendication. Lâchant la bride à leur colère, des centaines de manifestants ont procédé, hier dans la matinée, à la fermeture de la base de vie de l'entreprise parapétrolière, Halliburton, située à 10 km, à la sortie nord de la ville d'In-Salah. Peu après 11h, les opposants au gaz de schiste ont également barricadé la route menant vers le site gazier de la compagnie en vue d'exprimer leur mécontentement et de décrier la décision qui serait prise quant à l'application, dans les prochains jours, du procédé — mondialement contesté — de la fracturation hydraulique. La tension est à son paroxysme à In-Salah, devenue, particulièrement après le discours du Premier ministre prononcé à l'occasion de la célébration de la nationalisation des hydrocarbures coïncidant avec le 24 Février, une véritable poudrière qui risque d'exploser à tout moment si des mesures sérieuses ne sont pas prises de sitôt. Le comité des citoyens, qui a appelé à la sagesse deux mois durant, a, semble-t-il, perdu le contrôle de la situation, notamment après le faux départ de l'entreprise Halliburton. Celle-ci, qui a déménagé, récemment, à la cloche de bois, aurait fait croire aux manifestants que c'est la fin du calvaire et que tout le monde peut enfin retrouver la vie normale. Cependant, cette opération n'est finalement qu'une manœuvre pour gagner du temps dans l'espoir que le mouvement antigaz de schiste s'essouffle. "L'Etat a changé de cadence comme pour nous signifier sa détermination à exécuter ses plans relatifs à l'exploration et à l'exploitation du gaz piégé. C'est dire que tous les efforts consentis par le comité des citoyens antigaz de schiste auront été vains. Mais on ne lâchera pas prise tant que ce projet de la discorde n'est pas arrêté", affirme Bouhafs Abdelkader, leader du comité des citoyens et du groupe dit des 22. Joint par téléphone, notre interlocuteur rappelle avoir adressé une lettre, appuyée par des études réalisées par des experts, au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avec pour finalité d'instaurer officiellement un moratoire. Le fascicule, rendu public, montre clairement qu'en Algérie, la rentabilité de cette énergie reste très hypothétique au vu des caractéristiques géologiques des roches ciblées. "Je me demande pourquoi investir dans le gaz de schiste à In-Salah ou dans d'autres régions du Sud alors qu'il suffit de creuser pour avoir du gaz conventionnel beaucoup moins coûteux et beaucoup plus rentable ?", s'interroge-t-on. Hier après-midi, on a appris qu'une réunion extraordinaire devrait se tenir entre les représentants du comité des opposants au gaz de schiste et les membres du conseil de sécurité de la wilaya, afin de contenir le brasier et, du coup, éviter que ne se reproduise le scénario de la wilaya de Ghardaïa dans cette paisible contrée. R. K.