Aujourd'hui, la vie des grévistes est sérieusement menacée. Depuis quelques jours, une pétition a été initiée par un groupe de citoyens, pour interpeller l'opinion publique sur le “danger” qui guette les détenus grévistes de la CADC et de la CICB. Elle exige la libération immédiate et inconditionnelle de “Belaïd Abrika et ses compagnons du mouvement citoyen”. Et tient le pouvoir pour responsable “de ce qui pourrait leur arriver”. Cette pétition a reçu l'adhésion en Algérie et à l'étranger de personnalités politiques, d'universitaires, d'hommes de lettres, des militants du mouvement associatif et des députés européens, ainsi que d'un ex-condamné du réseau Jeanson, Jean-Claude Paupert. L'affaire remonte aux élections locales du 10 octobre dernier, voire au-delà de cette date. De nombreux citoyens de la région de Kabylie, dont des délégués du mouvement des archs, ont été arrêtés puis incarcérés, l'objectif étant d'amoindrir la mobilisation ou peut-être d'enterrer les revendications citoyennes contenues dans la plate-forme d'El-Kseur. Seulement, cette situation a produit l'effet inverse. Plusieurs actions, des marches et des rassemblements pacifiques, ont été organisées par le mouvement, pour dénoncer l'installation des “pseudo-maires”. Les avocats inscrits au barreau de Tizi Ouzou se sont aussi mobilisés contre les entraves dont ils ont fait l'objet, c'est-à-dire “outrage à robe d'avocat, coups et blessures volontaires, injures et insultes envers des avocats en robe dans l'exercice de leur profession”. Le verdict donné en novembre dernier par le tribunal militaire de Blida a augmenté la déception de la famille de la première victime du Printemps noir 2001, Massinissa Guermah, de la population et du mouvement des archs. Il a également conforté les citoyens quant à la poursuite du “combat” par des moyens pacifiques. Le 3 décembre, des prisonniers ont entamé une grève de la faim dans les prisons de Tizi Ouzou et de Béjaïa. Il s'agissait, en fait, des détenus du mouvement citoyen, qui protestaient contre leur emprisonnement “arbitraire”, décidés à aller jusqu'au bout de leur action, quitte à mourir. Le 10 décembre, jour de la célébration de la Journée mondiale des droits de l'homme et de la marche empêchée vers la représentation onusienne, à Alger, les grévistes ont rendu publique une déclaration dans laquelle ils ont réaffirmé leur “engagement et attachement au mouvement citoyen des archs (...) et à la plate-forme d'El-Kseur”. Ils ont, par ailleurs, dénoncé la “machination judiciaire” et les “pratiques machiavéliques”. Tous les appels lancés par le mouvement en direction des détenus grévistes de la faim sont restés lettre morte. Même après le transfert d'un des délégués à l'hôpital Mohamed-Nedir de Tizi Ouzou. Aujourd'hui, la vie des grévistes est sérieusement menacée. Et des tractions sont toujours menées dans l'ombre pour amener les représentants des archs à la table du dialogue. Est-il possible d'appliquer une réconciliation nationale, en faisant table rase d'événements douloureux, de mort d'hommes et des grands sacrifices ? H. A.