La bonne volonté affichée par les pouvoirs publics d'encourager la production locale à travers l'interdiction d'importation de médicaments fabriqués localement a été entachée par la présence sur le marché national de certains produits pharmaceutiques frappés de cette mesure. Les laboratoires étrangers recourent en fait à quelques petites modifications sur leurs médicaments avant de les exporter vers notre pays. Or, ces produits gardent les mêmes effets thérapeutiques que ceux mis en vente par les producteurs locaux. Une telle situation engendre, par conséquent, une véritable concurrence déloyale contre les fabricants nationaux, d'autant plus que ces médicaments sont remboursés par les caisses de la Sécurité sociale à un taux intéressant. Les prix exorbitants pratiqués par les opérateurs d'outre-mer "imposent" à la Caisse nationale des assurances sociales (Cnas), une fois le produit déclaré remboursable, un taux de remboursement élevé. Les responsables concernés sont, de ce fait, appelés à approfondir les procédures de contrôle des lots avant leur entrée sur le marché. Pis encore, certains produits pharmaceutiques sont remboursés en Algérie alors que dans leur pays d'origine, ils ne figurent pas sur la liste des remboursables. C'est le cas de la Biafine, pour ne citer que cet exemple, une émulsion pour une application cutanée, destinée au traitement et soin des brûlures superficielles de la peau. Cette crème est remboursée en Algérie alors qu'en France, son pays d'origine, elle ne bénéficie pas de ce privilège. En revanche, des produits de même valeur thérapeutique, voire des médicaments essentiels fabriqués dans notre pays, n'ont pas réussi à obtenir l'accord de la Cnas. Avec un tel avantage, cette crème accapare ainsi des parts de marché importantes aux dépens de la production pharmaceutique locale, dont les initiateurs ont consenti des investissements colossaux en termes d'équipements, de savoir-faire, de technologie, de création d'emplois, de paiement de taxes et cotisations sociales... D'aucuns se demandent comment ce produit a-t-il pu avoir l'aval de la Cnas ? Cette incongruité devait être soulevée lors de la dernière réunion du comité de concertation qui a regroupé tous les acteurs du marché entre producteurs, importateurs... avec les directeurs chargés du dossier au ministère de la Santé. Il était question d'établir une nouvelle liste additive de médicaments fabriqués localement, qui seront interdits à l'importation. Le lot est fixé à 192 médicaments, alors que l'arrêté du 8 mai 2011 le fixait à 251. Les opérateurs, qui ont pris part à cette rencontre, ont négocié les critères de sélection des produits éligibles à cette disposition. La tutelle tient, néanmoins, à éviter toute rupture de médicaments qui mettra en péril la santé des malades. D'où la décision de faire signer aux producteurs locaux des engagements pour la couverture totale des besoins nationaux de chaque produit. Ce à quoi, les fabricants locaux ont répondu par l'affirmative. Ils ont promis de relever ce défi en faisant valoir leurs capacités de production et la formation de leur personnel. Le département de M. Boudiaf tient compte, dans l'élaboration de cette liste, de quelques paramètres, notamment le nombre de fabricants locaux appelés à assurer la production nécessaire pour satisfaire la demande nationale. La capacité de production de chaque usine est, en outre, avancée comme élément important dans ce sens. Si ces deux ingrédients ne sont pas réunis, le ministère sera dans l'obligation de recourir à l'importation. Les importations en produits pharmaceutiques se sont établies, faut-il le rappeler, à 2,27 milliards durant les 11 premiers mois de 2014, contre 1,98 milliard usd à la même période de 2013, en hausse de 14,64%, indiquent des statistiques des douanes. B. K.