Le remboursement des médicaments vient en tête des dépenses de la Cnas allouées à la santé des assurés sociaux, 186 milliards de DA en 2011, avec 110 milliards de DA, soit une hausse de 16% par rapport à 2010. Il est à signaler que la liste des médicaments remboursables par la Caisse nationale des assurances sociales des travailleurs salariés, suite à sa révision, a été allongée pour atteindre 4 500 marques, dont 1 031 marques (63 princeps) fabriquées en Algérie et 2 945 marques de médicaments soumis au tarif de référence de remboursement. Selon les chiffres de la Cnas, les génériques et les marques produites localement constituent, au cours de l'année dernière, plus de 44% des volumes de remboursement alors qu'ils ne représentaient que 25% en 2005. Pour les responsables de la Cnas, ces chiffres renseignent sur les efforts consentis par cet organisme pour rationaliser ses dépenses. La rationalisation des dépenses de la caisse, afin de maintenir son équilibre financier, est entreprise par le secteur sous forme de nombreux dispositifs mis en place graduellement. Ainsi, le système du tarif de référence a été mis en place depuis 2006 pour une catégorie de médicaments, puis élargi en 2008 à certains autres médicaments. Ce système vise à permettre une baisse des prix du médicament. Le gouvernement est déterminé à encourager l'utilisation des médicaments génériques. L'objectif de ces mesures est de maîtriser la facture destinée au remboursement des dépenses des assurés sociaux dans l'achat des médicaments. Par ailleurs, l'usage de la carte Chifa a été généralisé à tous les assurés sociaux et leurs ayants droit, à partir du 1er août 2011. En moins de six mois, la dépense du tiers payant a consommé pourtant 88% de la dépense totale liée au remboursement des médicaments (97,5 milliards de dinars). En 2012, le principe du tiers payant sera appliqué sur les consultations et actes médicaux, au profit des retraités et malades chroniques avant d'être élargi, l'année prochaine, à tous les assurés. Selon la Cnas, 2 000 médecins généralistes et spécialistes ont déjà signé une convention avec la Cnas. Théoriquement, tous les médecins le seront en 2013. La Cnas mise beaucoup sur son partenariat avec les médecins, car cela permettra d'organiser le système privé de soins. Les médecins seront rémunérés pour tous les actes. Selon la Cnas, le taux de remboursement des consultations est variable, en fonction du type de prescriptions. Les consultations chez un médecin généraliste sont remboursés à 400, 520 ou 600 DA, selon qu'il donne au patient un traitement basé sur des princeps, des génériques ou de médicaments produits en Algérie. Le même référentiel est valable pour les consultations chez un spécialiste qui seront remboursées à 600, 720 ou 900 DA. Au-delà de ces chiffres de la Cnas, la question qui reste posée est celle de savoir dans quelle mesure ces dispositions ont contribué au bien-être des citoyens ? Le vice-président du Syndicat national des phamaciens, pour sa part, souligne que la pénurie des produits pharmaceutiques qui perturbe le système de remboursement est due à l'absence d'une politique nationale du médicament. “Notre conviction à nous, au Snapo, c'est que s'il y a des pénuries ou des problèmes dans la distribution du médicament, fondamentalement, c'est parce qu'il n'y a pas une politique nationale du médicament. C'est-à-dire une politique qui réglemente toutes les activités en amont et en aval du médicament de façon à éviter ces pénuries. Par exemple, il y a une loi de 2008 qui stipule qu'on doit créer l'agence nationale du médicament, ayant des prérogatives bien déterminées. Au jour d'aujourd'hui, cette agence n'a pas encore été mise en place. Il y a des initiatives qui sont prises par certaines administrations ou par le ministre lui-même, mais ce ne sont pas des initiatives qui sont inscrites dans un programme bien défini. Autre exemple, lorsque le ministre de la Santé est venu inaugurer cette manifestation (alGeneric tenu du 7 au 10 mars), il a reproché à certains opérateurs qui sont des fabricants de médicaments de faire de l'importation de médicaments. à partir du moment où il y a un vide juridique et réglementaire, il est normal que l'opérateur préfère importer que de fabriquer. Donc il se révèle dans le marché que les gens importent beaucoup plus qu'ils ne fabriquent. Il y a un objectif tracé par l'actuel ministre, qui dit qu'on importe pour 70% de médicaments et on fabrique localement 30%. Il faudra d'ici 2014 inverser la tendance. Ça c'est un objectif. Mais si on veut arriver à cet objectif très noble, qui a l'aval de tout le monde, il faudra développer une politique bien déterminée et surtout une politique qui n'implique pas que le ministère de la Santé, mais tous les départements ministériels concernés. Je vous donne un exemple pour étayer ce que je dis. Le ministère de la Santé dit qu'il faut augmenter la production nationale. Entre-temps, le ministère des Finances prend la décision d'instituer le crédit documentaire. Le crédit documentaire implique des retards formidables pour ceux qui ont besoin d'intrants qui sont nécessaires pour la fabrication. Donc, c'est une contradiction. On ne peut pas d'un côté demander à ce que la production nationale augmente, et de l'autre introduire des règlements qui risquent de porter atteinte à ces objectifs. Donc, il faut une coordination entre les différents ministères concernés par la production nationale. Il faudrait absolument décider au niveau gouvernemental d'une politique nationale du médicament, qui implique tous les départements ministériels et qui les oblige à la réalisation des objectifs. Pourquoi attendre de prendre de grosses mesures, comme ça été le cas avec celle du Chef du gouvernement concernant les dernières pénuries qui touchaient les traitements des cancéreux, alors qu'il suffirait de se réunir et d'élaborer une politique nationale à laquelle tout le monde est tenu.” S. S.