Qui a dit que le mouvement antigaz de schiste d'In-Salah s'était essoufflé ? Près de trois mois après son avènement suite à la décision prise, unilatéralement, par les pouvoirs publics de lancer le projet exploratoire de cette énergie non conventionnelle, les militants d'In-Salah ne baissent toujours pas les bras. Après une baisse relative de la tension, durant les deux dernières semaines, cette ville du Sud a renoué, depuis avant-hier soir avec les marches et les rassemblements populaires. La cause directe qui a incité de nombreux citoyens à réinvestir la rue, apprend-on de source locale, c'est la découverte des camions de la société américaine Halliburton qui s'apprêterait à effectuer la fracturation hydraulique dans le deuxième puits de gaz de schiste prévu sur le site dit Ahnet, à une trentaine de kilomètres de la ville. Selon le témoignage des citoyens, le convoi de camions d'Halliburton, escorté par un important contingent de gendarmes, aurait habilement évité de traverser le centre-ville à même d'éviter d'attiser la colère des citoyens, hostiles au gaz de schiste. Il aurait ainsi emprunté une piste contournant la ville. Mais c'était compter sans la vigilance des militants qui étaient informés avant-même l'arrivée de ces camions. Pour exprimer leur colère contre la poursuite de ce projet controversé, les militants d'In-Salah ont organisé une première marche nocturne durant la soirée de mardi. La deuxième a été organisée dans la matinée d'hier avec la participation, selon ses initiateurs, d'environ un millier de personnes. Comme c'est le cas lors de la série de marches organisées depuis le 1er janvier dans cette daïra d'environ 50 000 habitants, la manifestation a été menée à la fois par des hommes et des femmes de tous âges. Leurs slogans restent inchangés : "La lil ghaz essakhri (non au gaz de schiste)", et surtout, "Non à la fracturation hydraulique"... Les marcheurs pacifiques ayant sillonné les grands axes du centre-ville ont, ensuite, convergé vers sahat Essomoud pour y observer un rassemblement durant tout le reste de la journée d'hier. Contacté par téléphone, un des membres du collectif citoyen a indiqué qu'une réunion "sera tenue incessamment" pour décider des suites à donner au mouvement. Notre source n'écarte pas la possibilité d'une escalade dans les jours à venir. "Pour l'instant, nous nous contentons de protester pacifiquement contre l'arrivée de ces camions, et donc contre la fracturation hydraulique. Chose que nous ne souhaitons pas voir se produire, car dans ce cas-là, les citoyens peuvent perdre patience et aller arrêter de force le chantier. Ce qui donnera certainement lieu à des scènes regrettables que nous ne voulons pas voir arriver", a averti le militant antigaz de schiste, qui a requis l'anonymat par peur de représailles, notamment en ces temps, révèle-t-il, où de fortes pressions sont exercées contre l'ensemble des citoyens d'In-Salah. F. A.