Après avoir évoqué à Béjaïa sa feuille de route et les réformes qu'il entend mener à la tête de son département afin de "renforcer le référent religieux malékite" de l'Algérie, le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, Mohamed Aïssa, a repris, hier, à Oran, son argumentaire sur les voies et moyens à mettre en place pour lancer sa réforme. Présent au Forum du quotidien El-Joumhouria d'Oran, dont il était l'invité, le ministre insistera à chaque occasion pour rappeler que l'islam de l'Algérie est celui du rite malékite, celui de l'ouverture, de la tolérance, tel que pratiqué et transmis par nos ancêtres. Il évoquera aussi et surtout le radicalisme et le prosélytisme qui n'épargnent pas l'Algérie. S'il se refuse à interdire que des Algériens choisissent de se référer à d'autres rites faisant partie de l'islam, il considère pourtant qu'il y a danger à partir du moment où cela se fait avec un soubassement politique, ajoutant que le radicalisme se combat lorsqu'on possède une bonne conscience et connaissance de notre histoire, de notre héritage, mais aussi en faisant un travail de concertation avec le ministère de l'Education. Concernant le prosélytisme, Mohamed Aïssa rappellera que l'Algérie avait refusé par le passé des visas à des personnes qui, sous le couvert de visas touristiques, venaient pratiquer le prosélytisme. "C'est un prosélytisme d'officine et sectaire qui se remarque dans des villages et autour d'écoles, mais qui est pratiqué aussi en Asie, en Amérique latine, au Maghreb et en Afrique. Des dispositions ont été prises pour le contrecarrer car c'est un prosélytisme sioniste caché sous le couvert du christianisme", dira-t-il, en voulant probablement parler de judaïsme. Il soulignera, par ailleurs, que les chrétiens ont droit de cité en Algérie et qu'ils ont leurs représentants, et que les relations avec eux sont excellentes. Quant à la conversion d'Algériens à d'autres religions, le ministre estime qu'il s'agit surtout d'une démarche politique individuelle puisque "nous n'avons pas constaté des demandes de changement de prénoms à l'état civil". Le projet de loi de lutte contre les violences faites aux femmes, actuellement bloqué au Sénat, a été l'autre sujet sur lequel le ministre des Affaires religieuses a été interpellé. Sur cette question, M. Aïssa refusera d'abord de commenter la loi en elle-même, arguant que présentée au Conseil de gouvernement, il avait donné sa position et celle de son ministère. "S'agissant de frapper les femmes, il est un fait que le Prophète Mohammed (que Le Salut soit sur Lui) n'a jamais frappé ses femmes, ses filles, que la femme doit être respectée et protégée. Mais comme le dit si bien notre expression populaire, celui qui frappe une femme n'est pas un homme", résumera-t-il sa pensée. L'autre actualité que le ministre évitera de commenter est la proposition de son homologue du Commerce, Amara Benyounès, au sujet de la commercialisation des boissons alcoolisées et la réintroduction des licences des débits de boissons. Au cours de ce forum, le ministre parlera des 18 000 mosquées actuellement en Algérie et des 2 000 autres qui devraient être achevées prochainement. En marge de ce forum, le ministre des Affaires religieuses s'est rendu sur le chantier de la grande mosquée Ibn-Badis au rond-point de la cité Jamel dont la date d'inauguration a été maintenue pour le 17 avril, comme souhaité par le chef de l'Etat parce qu'elle coïncidera avec un vendredi. À l'heure actuelle, les travaux se poursuivent et se poursuivront après l'inauguration, notamment pour ses annexes. D. L.