Après y avoir souscrit dans un premier temps, le FFS se démarque des préalables que le pouvoir a opposés à son initiative sur le consensus national. Changement de ton au Front des forces socialistes (FFS). Hier, lors d'un meeting populaire animé à la salle Atlas de Bab El-Oued, à l'occasion de la célébration du 35e anniversaire du Printemps amazigh et le 14e anniversaire du Printemps noir, le premier secrétaire du parti, Mohamed Nebbou, n'y est pas allé de mainmorte pour fustiger, notamment les partis du cercle présidentiel. Interlocuteurs privilégiés du FFS dans le cadre de son projet de reconstruction de consensus national, ces partis ont eu droit à des critiques de la part du vieux parti de l'opposition. Mohamed Nebbou les a, ainsi, traités "de fonctionnaires de la politique au service d'un pouvoir qui a pris en otage tout un pays, son peuple, ses richesses et ses institutions". L'attaque du FFS contre les partis du cercle présidentiel est une réplique à la réponse réservée par ces derniers à son projet. Pour Mohamed Nebbou, à travers les consultations menées par sa formation auprès des soutiens de Bouteflika, le FFS attendait "le feu vert pour un changement concerté et graduel", mais au final, "ils nous ont fixé, a-t-il ajouté, une ligne rouge qui ne tient pas à la sacralité de l'unité nationale et encore moins à l'indivisibilité du territoire. Après cette ligne rouge, c'est la légitimité présidentielle". Il a estimé qu'au FFS, le combat à mener est celui "du changement du système" et "non pas le changement d'un Président par un autre". Reprenant même un tant soit peu son discours d'antan, le FFS n'a pas manqué de dresser le bilan du règne de Bouteflika, en estimant qu'après la décennie noire, "le peuple algérien était en droit d'attendre, une fois la paix revenue, que soient enfin établies des règles politiques claires pour la conclusion d'un nouveau contrat national". Le premier secrétaire du FFS note qu'au lieu de cela, "nous avons vu fleurir, la manne pétrolière aidant, plus forts que jamais, la corruption à grande échelle, le népotisme, les campagnes d'intox médiatique, les règlements de compte à coups de révélations, l'instrumentalisation de la justice, la dilapidation des richesses nationales, la dépendance accrue à l'égard des hydrocarbures...". Dans un clin d'œil à l'opposition, M. Nebbou a souligné que le FFS ne saura accepter que "ceux qui ont fermé l'espace politique par la répression, la corruption et les manipulations, parlent de pseudo-hommes politiques", poursuivant que "sous un pouvoir comme celui-ci, il n'y a ni pseudo-hommes politiques ni hommes politiques, parce qu'il n'y a pas de politique". Sur un autre registre, le premier secrétaire du FFS a souligné que le rôle de l'armée dans la vie politique "ne doit pas être un tabou". Ainsi, il a estimé que "la nature et le rôle des armées sont fondamentaux dans la construction ou l'effondrement des nations". D'où son plaidoyer "pour la primauté du politique sur le militaire", expliquant que "la primauté du politique sur le militaire veut aussi dire que l'armée doit être au service de la nation et du consensus politique qui la soude ou non au service d'un clan ou d'un régime". Sur un autre volet, il a plaidé pour l'officialisation de tamazight comme langue officielle. Mohamed Nebbou a rendu un hommage à Ali Mecili, réaffirmant le soutien du FFS à la famille du défunt, sous les applaudissements de la salle. M. M.