Résumé : Après son passage au hammam et la rencontre avec la vieille dame, Mordjana reprend confiance en elle. Le voyage continuait et elle se sentit plus détendue et de plus en plus curieuse. À Batna, elle découvrira d'autres trésors historiques et culturels... Samir lui offrira une jolie tenue de la région... La jeune femme n'avait plus son air triste et n'avait plus reparlé d'enfant avec son mari. Cependant, ce dernier avait remarqué qu'elle était bien plus distraite qu'à ses habitudes et posait parfois des questions insensées. Comme par exemple, pourquoi il ne retrouvait pas son ancienne petite amie pour refaire sa vie avec elle ? Puis, demandait tout de suite après, s'il avait pensé à divorcer d'elle parce qu'elle n'était pas de son milieu. Samir avait répondu sans trop d'entrain à ces questions qu'il trouvait tout bonnement débiles. Pourquoi renouer avec une ancienne relation ? Le passé ne l'intéressait pas... Il n'avait, non plus, jamais pensé à la répudier. Leur couple ne souffrait d'aucun conflit... Et si leur désir d'enfant n'est pas exaucé, ils trouveront une solution au moment opportun. Il ne voulait plus reparler de l'adoption. Il avait compris que pour Mordjana, adopter un enfant, signifier l'échec dans leurs tentatives et l'anéantissement de tout espoir. Ainsi donc, ils avaient roulé des centaines de kilomètres, sans pour autant reparler de ce sujet, ni aborder le côté "négatif" de leur relation. À Annaba, alors que Samir était occupé par un projet, Mordjana dévalise les boutiques et les magasins. Elle s'achète de nouvelles tenues, des parfums, des cosmétiques et tout ce qui pouvait lui donner envie d'être une femme... Elle avait découvert en somme que le bonheur d'une femme n'était pas complet sans ces accessoires qui rehaussaient sa beauté et son élégance. Depuis que son salaire lui permettait de faire des "folies" elle ne ratait aucune occasion pour s'acheter des habits neufs, des chaussures, des sacs à main, des foulards...Mais au fond d'elle-même, elle savait que cette fièvre acheteuse, si elle lui permettait de se fondre dans le monde de la mode et de la grâce, était plutôt un bouclier contre elle-même... Elle occupait son temps pour ne pas avoir à retomber dans la mélancolie et le désespoir. Le soir, dans leur chambre d'hôtel, elle montrait à son mari ses acquisitions et portait ses nouvelles tenues afin de lui demander son avis. Samir la trouvait de plus en plus belle. Elle avait changé de coiffure, et même son maquillage discret mais étudié, lui donnait plus d'élégance et surtout d'assurance. Partout où ils se rendaient, on se retournait sur son passage. On admirait cette femme qui était la sienne et il en ressentait une grande fierté. -Le noir ne s'adapte pas à mon teint... N'est-ce pas Samir ? Il secoue sa tête : -Moi, je trouve qu'il te va bien... Tout ce que tu achètes te va à merveille Mordjana... Ce n'est pas les vêtements qui rehaussent ta beauté...Je dirais que c'est plutôt toi qui les mets en valeur. Tu es tellement belle ma chérie. Mais Mordjana insiste : -Le noir ne me va pas... Il va falloir que je le porte avec quelque chose de plus clair...Voyons un peu... Si je mets une jupe rouge cela va peut-être couper la couleur... Et puis, comme je possède déjà des chaussures rouges, je n'aurais qu'à rajouter une petite écharpe pour avoir un petit look classique. Samir sourit : -Dis donc toi... Tu veux me rendre jaloux où quoi ? Elle fait la moue : -Jaloux ? Pourquoi donc ? Tu n'aimerais pas me voir bien habillée ? -Ce n'est pas ce que j'insinuais. Moi, je te trouve belle dans toutes les tenues que tu portes. Tu as appris à te mettre en valeur. Elle se laisse tomber sur le lit et repousse les vêtements d'une main lasse : -Tu veux dire que j'ai appris à devenir femme depuis notre mariage. Il hausse les épaules : -Non... Je voulais te dire que tu as fait du chemin...Tu parlais de ton enfance et de ta jeunesse en des termes tellement acerbes, que j'ai conclu que tu as enfin retrouvé un pan de ta personnalité depuis notre mariage. Elle pousse un soupir : -C'est un peu vrai. Lorsque j'étais chez mes parents, je ne pouvais que rêver devant les belles actrices et les mannequins que je voyais à la télévision... J'étais un peu jalouse de leur apparence et je me disais que jamais je n'atteindrais leur élégance et leur beauté. Samir lui prend la main : -Voyons Mordjana... Tu sais bien que ces actrices n'ont de la beauté que ce qu'on a bien voulu leur vendre, en leur faisant subir mille et une chirurgies... Sans compter de longues heures de maquillage et des journées harassantes dans les salles de sport. Tout cela pour leur faire endosser un rôle qui, loin de refléter leur personnalité, les rend davantage étrangères à elles-mêmes. -Ce n'est pas vrai... Moi, je les trouve belles, élégantes et très gracieuses. (À suivre) Y. H.