Nouveau débrayage en Tunisie. Les enseignants du cycle primaire ont entamé, hier, une nouvelle grève pour protester contre la lenteur manifestée par l'administration pour satisfaire les revendications jugées "légitimes", selon le syndicat des instituteurs. Cette grève de trois jours - la énième cette année - a été décidée par ses initiateurs pour attirer l'attention des autorités sur le fait que les accords conclus entre leur syndicat et le gouvernement précédent sont restés, à ce jour, lettre morte. L'arrêt du travail observé en cette période consacrée aux révisions en perspective des examens de fin d'année pénalise les élèves dont les parents ne savent plus à quel saint se vouer. Il faut dire qu'il ne s'agit pas de la première grève déclenchée cette année scolaire puisque plusieurs débrayages ont été enregistrés dans les divers cycles d'enseignement (primaire, moyen, secondaire et supérieur). Début avril, le ministère de l'Education nationale était parvenu à s'entendre avec le syndicat de l'enseignement secondaire sur un accord portant reprise du travail tout en faisant l'impasse sur les examens du second trimestre. Et aujourd'hui, il lui faudrait satisfaire les revendications matérielles des enseignants du cycle primaire au risque d'hypothéquer l'année scolaire. D'autant plus que ces derniers ne sont pas visiblement prêts à lâcher la pression dans l'espoir d'obtenir les mêmes privilèges que leurs collègues du cycle secondaire. Il reste que cette grève lève le voile sur une "mésentente" entre le ministère de l'Education et la présidence du gouvernement, à se fier au syndicat qui, tout en blanchissant le département de tutelle, accuse le Premier ministère d'avoir bloqué l'accord conclu avec le ministère de l'Education. S'achemine-t-on alors vers une année blanche ? Possible dans la mesure où même le corps administratif compte prendre le relais et entrer en grève à partir de jeudi. Il menace de boycotter les examens de fin d'année. Et la question est désormais de savoir si le gouvernement est disposé ou non à satisfaire les revendications des grévistes après avoir décidé, il y a quelques jours, un retrait sur salaire pour chaque arrêt de travail. Cette grève intervient dans un contexte social délétère. En effet, les auxiliaires de santé observent, depuis trois jours, une grève de "zèle" illimitée. Bien qu'ils soient à leurs postes, ils ouvrent la voie à tous les patients pour se faire soigner. Sans contrepartie. Cela fait perdre à l'Etat, selon un haut cadre du ministère de la Santé, des centaines de millions de dinars. Ce qui grève davantage le budget de l'Etat dont le déficit se creuse en raison des multiples arrêts de travail observés dans le secteur du phosphate, principale ressource minière du pays. Chaque jour de grève dans la compagnie des phosphates entraîne une perte de dix millions de dinars (5 millions de dollars). M. K.