La grande majorité du staff gouvernemental a répondu présent à l'invitation de Saâdani, sacrifiant les charges de ministre à une présence qui est loin d'être simplement protocolaire. Vraisemblablement, les enjeux du Xe congrès du FLN, dont les travaux ont été entamés jeudi à la Coupole Mohamed-Boudiaf à Alger, ne se confinent pas seulement dans les luttes organiques entre les militants du parti, mais intéresseraient des desseins politiques engageant la succession au pouvoir et la pérennité du régime. Sinon, comment expliquer la forte mobilisation à ce rendez-vous de presque tous les membres du gouvernement, le Premier ministre Abdelmalek Sellal en tête ? La grande majorité du staff gouvernemental a répondu présent à l'invitation de Saâdani, sacrifiant les charges de ministre à une présence qui est loin d'être simplement protocolaire. C'est que le congrès en question revêt un cachet très particulier. Connu jusque-là comme l'enfant non partisan du système, le Premier ministre, Sellal, est celui dont la présence a le plus surpris à l'occasion. Arrivé quelque temps avant l'entame des travaux du congrès, il s'est installé aux côtés des autres membres du gouvernement au premier rang dans la salle du congrès, après avoir fait escale dans un salon VIP. Officiellement, Abdelmalek Sellal a été présenté comme invité du FLN. Officieusement, il lui est prêté une appartenance partisane, laquelle lui vaudrait, insiste-t-on, de figurer dans le prochain comité central, au titre du quota qui échoit statutairement au secrétaire général du parti. Et l'aveu consenti en marge du congrès le corrobore un tant soit peu. Pour la première fois, en effet, Abdelmalek Sellal révèle qu'il est "militant (du FLN) depuis 1968". La rumeur autour du renouvellement récent de sa carte d'adhérent au FLN paraît alors bien fondée. Outre l'entrée suggérée de Sellal au comité central du parti, celle de plusieurs ministres, entre anciens et actuels, à l'instar des congressistes, parmi eux Abdelmadjid Tebboune, Abdelkader Messahel, Djamel Ould-Abbès, ou encore Boudjemaâ Haïchour, est également attendue. Cela sans parler des caciques qui seront reconduits à l'image d'Abdelkader Hadjar. Le congrès élira les membres du comité central à raison de 3 par mouhafadha, dont une femme. Le nombre des mouhafadhas est passé à 118 sous l'ère Saâdani contre 56 auparavant. Ce qui donnera 354 membres du CC, sans le quota national dont le nombre n'est pas arrêté. Si Amar Saâdani est parti pour être reconduit, sans grande surprise, à la tête du parti, la composante du comité central reste, elle, l'unique enjeu du congrès. L'objectif tracé par le FLN — version Saâdani — est la reconquête d'un pouvoir dont il s'estime spolié, notamment l'exercice de la chefferie du gouvernement. Mais pas que cela. Le FLN, qui a pour président organique le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, acclamé à l'occasion, compte surtout peser dans les choix des amendements lors de la révision constitutionnelle promise. Dans son discours tenu à l'ouverture des travaux du congrès, Saâdani a, de prime abord, rappelé, en effet, les 32 amendements que propose son parti pour la prochaine révision. La revendication phare du FLN reste notamment l'instauration d'un système politique parlementaire qui lui ouvrira grand la porte pour accaparer le gouvernement en tant que parti majoritaire au Parlement. Le président Bouteflika ne trouvera pas d'inconvénient à cela. D'autant plus qu'il vient de renouveler son "plein soutien" à la direction sortante du parti. Un soutien qui est un désaveu cinglant aux adversaires de Saâdani (les redresseurs, ndlr) lesquels ont sollicité son intervention dans la crise. Bouteflika les a simplement ignorés dans son message lu par Tahar Khaoua, ex-chef du groupe parlementaire FLN, promu ministre chargé des Relations avec le Parement lors du dernier remaniement ministériel. Et s'il y avait besoin de signaux attestant de la lourde implication du pouvoir, présidence et gouvernement, dans le congrès, l'ambiance festive qui a marqué les deux premiers jours des travaux du congrès l'atteste grandement. À tel point que même les congressistes, habituellement circonspects en période de crise interne, s'oublient et parlent de "jeux défaits faits". F .A.