Cette manifestation inédite et spectaculaire est conduite par d'anciens joueurs qui ont écrit la fabuleuse légende du club kabyle. Les adversaires de Mohand-Cherif Hannachi ont réussi, hier, leur pari. Ils ont pu organiser une action de rue à la fois spectaculaire et inédite pour exiger à nouveau le départ de Hannachi de la tête de la JSK. Après l'annulation du sit-in prévu la semaine passée, pour ne pas mettre la pression sur les joueurs qui devaient négocier leur survie en Ligue 1 Mobilis face à El-Harrach, ils ont opté pour une marche. Ils étaient quelques milliers, (4 000, selon les organisateurs), à répondre positivement au mot d'ordre de la marche dans la ville des Genêts à l'appel des anciens joueurs. Sous un soleil de plomb, les fans des Canaris ont battu le pavé depuis le stade du 1er-Novembre jusqu'à l'ancienne mairie pour exiger le départ de Hannachi de la présidence de la JSK. Venus des quatre coins de la Kabylie, d'Alger et de Boumerdès, des jeunes, des moins jeunes et des vieux ont scandé des slogans exigeant le départ de Hannachi de la direction du club phare de la région. Dans une organisation impeccable, les marcheurs, encadrés par des jeunes supporters, ont arpenté l'asphalte dans le calme derrière une dizaine d'anciens joueurs. 10h tapantes, les premiers marcheurs arrivent devant le portail du stade du 1er-Novembre. Une demi-heure après, des centaines d'autres arrivent et forment les premiers carrés. Dans le premier carré qui a drivé la foule compacte de marcheurs, Sadmi, Menad, Bahbouh, Amara, Iboud, Maghrisssi, Dali, Cerbah, Younsi, Rezgui, Ayache et d'autres anciens du jumbo-jet ont pris part à cette action. "Hannachi dégage" ; "25 ans barakat" ; "La JSK n'est pas votre propriété M. Hannachi" ; "La JSK appartient à toute la Kabylie" ; "Ensemble pour sauver notre club"..., tels étaient, entre autres, les slogans scandés tout au long du parcours. Avec un dispositif policier très discret, la procession humaine s'agrandit au fur et à mesure qu'elle avance le long de la rue Lamali. Imposante marche hier à Tizi Ouzou contre le président de la JSK Hannachi. D. R. "Jouer le maintien est une honte" Les griefs retenus par la foule contre l'indéboulonnable président des Canaris sont nombreux. Les difficultés rencontrées par les Canaris pour assurer leur maintien en Ligue 1 Mobilis sont "une honte", estiment une dizaine de marcheurs abordés. "La JSK est faite pour gagner des titres et non pour jouer le maintien", a déclaré Youcef, jeune supporter venu des Ath Ouaguenoune. Il reconnaît, néanmoins, que Hannachi a donné beaucoup pour la JSK "mais le moment est venu pour lui de céder sa place aux autres". "Nous sommes là pour sauver le club. Notre souhait est de voir la JSK redevenir comme avant", a encore ajouté Youcef. Abdelmoumène, venu de Kherrata dans la wilaya de Béjaïa, pour participer à la marche, a estimé, quant à lui, que "l'état actuel de la JSK nous fait très mal". Il considère que "Hannachi est la source de tous les maux que vit le club", du fait "de son entêtement à rester à la tête du club envers et contre tout". "Il doit céder sa place s'il aime réellement le club", a-t-il dit, l'accusant d'avoir tenté "de semer les germes du régionalisme parmi les amoureux du club". Cherif, venu d'Azazga, a abondé dans le même sens. Pour lui, Hannachi a "créé le régionalisme en Kabylie". Plus explicite, il l'accuse de vouloir jouer "sur la Grande et la Petite Kabylie" pour "plaire à ses mentors". Qui sont ses mentors ? Dda Ahcène, des Ouadhias, évoque "un clan du pouvoir politique" dont Hannachi "est un affidé". "La JSK appartient à la Kabylie", scande ainsi la foule. Faisant le bilan de Hannachi à la tête de la JSK, Cherif inconditionnel des Canaris, a souligné que les trois Coupes de la CAF remportées par la JSK "ne sont même pas reconnues par la Fifa". Pour lui, "ce n'est pas vraiment un exploit pour un club comme la JSK". Matoub, omniprésent Les marcheurs d'hier ont confectionné des pancartes sur lesquelles le portrait de Hannachi portant une motion "Je suis le problème, aidez- moi à partir" ont été distribuées par milliers. Ils veulent à travers ce geste répondre au président du club qui a déclaré que personne ne pourra le déloger de sa place. "Hna imout Kaci", avait-il déclaré. "Kaci est en train d'agoniser", a répliqué un jeune supporter de la ville des Genêts qui a juré de ne jamais enlever sa casquette sur laquelle il a écrit "Hannachi dégage", avant le départ du président de la JSK. "Si Hannachi pense qu'il est indispensable, nous lui disons qu'aucun centre de décision ne peut venir à bout de notre détermination à le dégommer", a-t-il dit. "Il faut qu'il parte pour que Matoub cesse de se retourner dans sa tombe", a estimé Youcef qui est revenu vers nous pour faire cette déclaration. Un portrait du Rebelle entre les mains, il a souligné que Hannachi a trahi le rêve de Lounès. Le rêve de Lounès "était de voir la JSK traduire les aspirations de la région". Pour Sadmi, ancien joueur du club, la mobilisation des supporters pour la marche "est une grande journée". Il a ajouté que tous les anciens joueurs "remercient les fans du club" qui sont venus "en force pour sauver la JSK". Ouadiai Mustapha, président de la Fédération des fils de chouhada (FFC) de Tizi Ouzou, a estimé que les marcheurs étaient là "pour l'intérêt de la JSK". Mustapha a ajouté : "On demande à Hannachi de quitter sagement le club car la JSK est le symbole de toute la Kabylie et de tous les Kabyles." Mustapha reconnaît que Hannachi a donné ce qu'il a pu en tant que joueur et ensuite en tant que président "mais il doit partir maintenant", souhaitant, au passage, que la sagesse prévale. Pour Rezgui que nous avons abordé à la fin de la marche, celle-ci est une réussite. Il a lancé un défi à Hannachi de réunir autant de monde. Mahfoud Belabbas, ancien P/APW de Tizi Ouzou, présent à la marche, a estimé, quant à lui, que Hannachi a fait de la JSK "ce qu'a fait Bouteflika de l'Algérie". Mouloud Iboud, ancien joueur, a considéré que l'action "est une totale réussite", assurant que "le combat continuera jusqu'au départ de Hannachi". Djamel Menad, qui a été réclamé par la foule lors de la prise de parole, a salué la forte mobilisation des supporters pour sauver le club. Vers 13h, la foule s'est dispersée dans le calme. Les quelques marcheurs abordés à la fin de l'action mettent en garde Hannachi contre toute action violente contre les supporters. Pour eux, "il bénéficie de soutiens occultes" qui "peuvent financer des contre-actions". Une seule question revient chez les marcheurs : Hannachi comprendra-t-il que son temps est révolu à la tête de la JSK ? Question légitime quand on sait qu'il a annoncé son départ à maintes reprises avant de changer d'avis. Maintenant qu'il est contesté de toute part, s'entêtera-t-il à y rester ? Seul l'avenir nous le dira. M. M.