Dans le discours officiel, le correspondant de presse est un acteur-clé du processus de développement local de par la double mission de communication et d'information qu'il assure. Pour son employeur-éditeur et pour le public ciblé par son média, il est au cœur d'une information de proximité à même de garantir à la fois des parts de marchés et le droit constitutionnel à l'information. Du coup, il est soumis à une forte pression dans l'exercice de ses fonctions. À Constantine, en ces temps de grande fête, mais aussi de polémique, la majorité de nos confrères et consœurs se sont retrouvés confrontés à ce dilemme, celui de vivre leur citoyenneté tout en assumant leur mission de journaliste dans le respect de l'éthique. "Dans la réalité, nous nous retrouvons devant une partie des journalistes qui exagèrent dans l'apologie, si j'ose dire, et une autre partie qui se considère comme adversaire de la manifestation. Une troisième partie se comporte avec l'événement comme étant une simple occasion pour exercer un travail de qualité basé sur l'investigation, la précision et l'objectivité", constate Nardjess Kermiche, chef de rubrique au quotidien Ennasr. Le même constat est partagé par notre confrère de La Tribune, Nasser Hannachi, pour qui "le correspondant local doit se démarquer afin de traiter objectivement ces types de manifestations qui se déroulent dans sa région". Toujours de l'avis de Nasser Hannachi, "comme il ne faut pas se sentir obligé de caresser dans le sens du poil de peur d'être taxé de négatif, il ne faut pas, aussi, chercher à dissimuler les réalisations positives de peur d'être traité de loyaliste". Si la manifestation est une occasion pour la promotion d'une ville, de sa culture, voire de son économie, elle représente, aussi, selon Nardjess Kermiche, "une occasion pour le journaliste de l'intérieur du pays d'exercer un travail d'une portée internationale et qui dépasse l'information de proximité", et à ce propos, Hannachi pense que "le journaliste-correspondant est, par essence, un professionnel du terrain et il doit privilégier le travail d'investigation sur les articles maison lors de la couverture de ce type d'événements". On ne peut parler du correspondant sans parler de son ancrage dans un territoire, ce qui fait dire à Kermiche que "le journaliste doit faire la part des choses entre le fait qu'il soit un citoyen et celui qu'il soit en exercice d'une mission parce qu'à travers l'accomplissement de son travail de la meilleure façon, il rendra plus de services à la ville". Enfin, et à propos de l'éthique, Mme Kermiche pense que "tout alignement, de quelque nature qu'il soit, ne peut être considéré comme un amour pour la ville, mais un passage dans l'autre camp". Aujourd'hui, un mois après l'inauguration, la question de savoir si l'événement est convenablement couvert par la presse locale ou non se pose. Pour l'ancienne correspondante de Liberté à Constantine et enseignante universitaire, Selma Benabdelkader, "le journaliste se penche sur le traitement de l'information sous toutes ses formes pour la véhiculer ensuite au lecteur. La presse locale a joué avant de baptiser Constantine, capitale de la culture arabe sur l'anticipation journalistique de cet événement, avec ses imperfections et ses qualités. Une fois que l'événement est au rendez-vous, nous avons constaté une couverture médiatique timide. Il faut toute une démarche méthodique pour auditer la fonction communication, et dire, après, si ce sont les responsables en charge de la manifestation qui ont échoué à vendre le produit au public via les médias ou ce sont les journalistes qui n'ont pas été à la hauteur des nouvelles exigences". Pour en arriver là, il faut peut-être fixer à la manifestation des objectifs, plus ou moins quantifiables, et se mettre d'accord sur une grille d'appréciation de l'efficacité de chaque activité. M. K.