Chez nous, les traumatismes psychologiques et les angoisses stressantes consécutifs aux tremblements de terre restent d'une vivacité à fleur de peau. L'Algérie plus que d'autres pays doit avoir toutes les raisons sinon de se sentir interpellée, du moins de ne pas s'autoriser d'indifférence face au cataclysme absolument inédit qui a ravagé hier plusieurs pays de l'Asie du Sud. La réalité, dans cette région plus ou moins habituée aux ravages des caprices climatiques, est au moins fidèle aux fictions filmiques qu'on croyait relever à jamais de l'irréel. Et pourtant… Le mégaséisme qui s'est produit au large de l'Indonésie était de ceux qui remettent à l'honneur – mais de quelle manière ! — la fameuse échelle de Richter, référence trop souvent citée ces derniers temps, malheureusement. On se rapproche dangereusement du maximum destructif de ce que le scientifique pouvait laisser entrevoir. Chez nous, les traumatismes psychologiques et les angoisses stressantes consécutifs aux tremblements de terre restent d'une vivacité à fleur de peau. Le séisme de mai 2003, à Boumerdès, et les inondations de Bab El-Oued de novembre 2001 ont marqué durablement les esprits. Il y a la peur de la catastrophe elle-même, ce qui est somme toute normal, mais elle vient un rang en dessous comparée aux terribles appréhensions quant aux capacités nationales d'intervention, d'assistance et de prise en charge quand le déchaînement des éléments frappe durement. Logiquement, on est en droit de considérer que les leçons qui doivent être tirées l'ont été. Mais comment le savoir ? Il y a moins de deux mois, à la veille de l'Aïd, les marins du Béchar, à quelques centaines de mètres seulement de la place des Martyrs et de Bab El-Oued, étaient abandonnés à leur triste sort, les moyens d'intervention et de sauvetage en mer faisant défaut. Certes, bien des satisfecit ont été décernés aux autorités pour la relative célérité avec laquelle a été organisée la prise en charge des victimes du séisme de 2003. Mais franchement, qu'en eût-il été si les caisses de l'Etat n'étaient pas déjà suffisamment remplies ? Ne l'oublions pas, une loi de finances complémentaire fut votée dare-dare, et on débloqua l'équivalent d'un milliard de dollars. Mais au jour d'aujourd'hui, on ignore encore tout des potentiels mobilisables et de l'efficacité des plans dits Orsec en cas de survenance de catastrophe majeure. Et on ne le saura pas aussi longtemps que les pouvoirs publics ne soumettront pas à test leurs propres capacités. Il serait très rassurant pour l'opinion de savoir, par exemple, que l'Etat peut mettre à disposition 2 000 ou 3 000 cabines sahariennes et 15 000 tentes en 48 heures… A. H.