Résumé : Alors qu'ils déjeunaient ensemble, Ilhem avoue à Samir que si, matériellement, elle était à l'abri du besoin, sa solitude lui pesait, tant et si bien que parfois des envies de suicide la taraudaient... Samir tente de la réconforter. Elle saute sur l'occasion pour lui demander de se revoir plus souvent... Il faisait nuit lorsqu'il put enfin rentrer à la maison. La cour était éclairée et des voix de femmes lui parvenaient. Il reconnut celle de sa mère et se dit qu'elle devait recevoir des invités. Il s'avance et entendit nettement une conversation : -Oui, elle est stérile... Je le savais... C'est une fille qui ne doit pas être en bonne santé... Tu te rappelles de la tache sur sa joue ? -Oui, rétorque une autre voix... Une vilaine tache de vin... Je ne sais pas comment Samir a pu accepter une telle mocheté, lui, qui avait connu de très belles femmes... La voix de Hasna s'élève : -Tu parles de tache de vin... Mon idiot de fils a été jusqu'à dépenser une fortune pour l'en débarrasser... Je ne sais pas ce qu'elle avait ramené dans ses bagages, mais c'est certain qu'elle l'a ensorcelé... -Tu peux le dire... J'ai appris aussi qu'elle travaillait et qu'elle avait totalement changé son mode de vie depuis qu'elle est chez vous... -Ma chère Djoher... Que dois-je faire devant un tel dilemme ? Cette fille savait à peine porter une chaussure lorsqu'elle a mis les pieds dans ma maison... Maintenant, elle s'habille comme une reine, se rend chez la coiffeuse deux fois par semaine, se maquille et est en train de passer son permis de conduire... -Non, je rêve... -Je t'assure que c'est la vérité... -Et bien sûr, ton fils Samir est content de cette métamorphose -Content ou pas, il ne peut rien lui refuser... Elle n'a qu'à le regarder dans les yeux pour qu'il flanche... Mon fils a été ensorcelé te dis-je... Ne voulant pas entendre davantage du bavardage de ces mégères, Samir toussote. Les voix se turent. Il s'avance au milieu de la cour et reconnut sa mère, sa tante Djoher et sa tante Fattouma. Les langues les plus aiguisées de la famille... -Ah ! te voilà Samir, lance sa mère d'une voix autoritaire, viens donc saluer tes tantes... Cela fait des lustres qu'elles ne nous ont pas rendu visite... Il avance et embrasse les trois femmes sur le front avant de demander : -Mordjana n'est pas avec vous ? Elles se regardèrent d'un air entendu, et Hasna répond : -Elle est dans la cuisine avec Malika... Elles s'occupent du dîner. Assieds-toi donc un moment avec nous... Tu veux un café ? Il secoue la tête : -Non... Je suis fatigué... Je vais prendre une douche. -Comme tu veux mon fils... Le dîner sera servi dans une demi-heure ! Il s'éloigne et Hasna hausse la tête devant ses belles-sœurs : -Mon fils est en train de gâcher sa vie... Au début de son mariage avec cette sorcière, j'ai prié Dieu afin qu'il le débarrasse d'elle au plus vite... Hélas, mes prières n'ont pas été exaucées... Je suis en train de souffrir pour lui... -Tu disais qu'elle était stérile... La raison n'est-elle pas assez valable pour qu'il la répudie. -Elle le tient sous sa coupe te dis-je... Depuis sa venue dans cette maison, je ne reconnais plus mon fils. -Un mariage de poker... C'est Aïssa qui a ramené la poisse comme à ses habitudes. -Que veux-tu ma chère Djoher... Je n'ai jamais eu de chance dans ma vie... Et cela continue pour mes vieux jours. -Laisse le temps faire les choses. Un jour Samir se rendra compte qu'il est en train de faire fausse route avec cette négresse... Qui sait ? Peut-être saura-t-il rectifier le tir ? Tu auras alors tout le loisir de choisir toi-même une autre bru. Hasna secoue sa tête : -Tu ne crois pas si bien dire... Il avait connu une jeune et jolie fille de sa promotion... Une architecte comme lui... Heu... Je... Au début. Je me suis opposée à leur union... Je le regrette amèrement aujourd'hui... S'il avait épousé cette fille, Samir aurait été plus heureux et Aïssa n'aurait pas trouvé le moyen de le soumettre à l'humiliation d'un jeu de poker. Djoher hoche la tête : -Tu payes le lourd tribut de ton inconscience Hasna... Un bel homme comme Samir, qui gagne bien sa vie, et n'a rien à envier aux jeunes de sa génération, mérite un meilleur destin... Aïssa a faussé les jeux... Hélas, ta bru semble heureuse d'être dans notre famille et est prête à le garder coûte que coûte dans ses filets. -Au début de leur mariage, j'ai essayé de l'intimider. Mais elle a tenu bon. Ensuite, lorsqu'elle avait pu se regarder dans une glace sans rougir de cette calamité qu'elle avait sur sa joue, elle a vite compris qu'il lui fallait plus. Samir lui avait ouvert les portes et l'avait incitée à suivre des formations, puis à travailler... Vous voyez le résultat : elle est libre comme le vent dans ses mouvements, elle connaît beaucoup de gens, sort, s'amuse, s'offre de belles choses et envoie des colis en cachette à sa famille. (À suivre) Y. H.