C'est ce qui ressort du rapport déposé, hier, sur le bureau de Sidi-Saïd portant analyse et position des syndicalistes de Boumerdès sur la privatisation. Dans ce document de 20 pages, I'instance locale exprime haut et fort au nom des syndicalistes de la base, “son rejet des politiques de privatisation menées, tambour battant, par les pouvoirs publics”, indique le document. “Nous restons attachés à notre revendication de préserver le secteur public. Celui-ci favorise la prédominance d'une vision à long terme, qui s'oppose à une vision à court terme du marché, qui a les yeux rivés sur la rentabilité immédiate”, peut-on lire dans le document. Sur les entreprises publiques, les syndicalistes constatent : “L'Etat a besoin d'un outil de réalisation performant pour faire face aux urgences. Sans la mobilisation dépourvue de faille des entreprises publiques qui ont accepté de travailler à perte, I'Etat n'aurait jamais pu relever le pari de réussir ce qui a été fait en un temps record pour reloger en six mois la totalité des sinistrés d'Alger et de Boumerdès dans des chalets”, fait observer le rapport. Commentant le document du gouvernement portant stratégie industrielle au niveau des EPE, I'union de wilaya constate que “le bilan dressé sur la situation des EPE nous semble très partial bien qu'il soit étayé par des chiffres dont on ne peut contester la véracité, mais ce document ne nous livre aucune analyse des causes profondes et des circonstances dans lesquelles ces entreprises ont évolué. En d'autres termes, I'environnement économique et administratif, régi par des règles obsolètes, a rendu vaines toutes les dépenses d'assainissement consenties par l'Etat. Cet aspect est occulté en vue d'orienter les opinions vers une logique de défense de la thèse de la privatisation systématique”. Les syndicalistes considèrent que “le concept public est un élément nécessaire du développement économique et social et citent l'exemple des agents d'EDF, en France, qui ont assuré parfaitement leur mission de service public au lendemain des tempêtes survenues dans ce pays en 2000 alors qu'en Angleterre la privatisation des chemins de fer a provoqué des dégâts humains (accidents mortels) et des dysfonctionnements incroyables tant pour les usagers que pour les salariés”. Par ailleurs, Chebab Omar, fraîchement installé à la tête de l'union de wilaya, nous a indiqué qu'un recul net de I'emploi a été observé, suite à la dissolution dans les années 1995-97 de nombreuses entreprises locales employant plus de 6 000 travailleurs alors que les programmes alternatifs d'emploi n'ont fait qu'accroître le chômage tandis que le travail informel, celui des enfants notamment, prend des proportions alarmantes. La situation de certaines entreprises implantées au niveau de la wilaya est largement évoquée dans le document qui cite les 5 briqueteries tuileries de l'EPRC, I'Eriad de Corso et Baghlia, BCR de Bordj-Ménaïel, le groupe EPLF de Boumerdès, Giplait de Boudouaou, Socothyd des Issers. “La plupart de ces entreprises sont performantes et équilibrées en dépit des difficultés rencontrées”, nous a indiqué Omar Halouane chargé des conflits au niveau de l'instance syndicale locale. Celui-ci tient à rappeler l'exemple remarquable de sacrifice des travailleurs de l'EPRC durant la période du terrorisme où ils ont pu remettre sur les rails l'outil de production en créant un fonds de solidarité à l'effet de financer et renouveler des équipements détruits et assurer les salaires des travailleurs. Faisant toujours l'éloge du secteur public, le même responsable cite également, le groupe EPLF qui s'est distingué, lors du séisme du 21 mai 2003, par sa disponibilité en affectant un nombre important de logements aux sinistrés. M. T.