De lourdes peines ont été prononcées hier par le tribunal d'Alger dans plusieurs procès opposant des journaux au ministère de la Défense nationale et au ministère public. Dans une affaire l'opposant au ministère de la Défense nationale, Ali Dilem, le caricaturiste de Liberté, a été condamné à six mois de prison ferme assortie d'une amende de 250 000 DA après “un jugement réputé contradictoire” au même titre que Sid Ahmed Semiane dit SAS, chroniqueur du journal Le Matin, condamné, quant à lui, par défaut à la même peine. Le procès a porté sur des déclarations faites par Ali Dilem et SAS au sortir d'une audience en 2003 concernant une plainte déposée par le MDN. Dans cette même affaire, Mohamed Benchicou, directeur du quotidien Le Matin, purgeant actuellement une peine d'emprisonnement de deux ans, ainsi que la journaliste Ghada Hamrouche ont été condamnés à six mois de prison avec sursis et une amende de 250 000 DA. Par ailleurs, la publication qui est interdite de parution depuis juillet doit verser une somme de 2,5 millions de dinars. Maître Bourayou estime qu'il s'agit là de “peines très lourdes contre la corporation. Depuis l'ouverture démocratique en 1989, et tout particulièrement depuis la loi du 7 avril 1990 portant sur l'information, on assiste à des peines extrêmement sévères contre un caricaturiste et un chroniqueur, alors que sous d'autres cieux, la justice est appliquée avec tolérance contre cette catégorie de journalistes dont le propre est la dérision et l'ironie”. Par ailleurs, Fouad Boughanem, directeur de publication du Soir d'Algérie, les chroniqueurs Reda Belhadjoudja et Mohamed Bouhamidi ainsi que le journaliste Kamel Amarni ont été condamnés à une année de prison avec sursis assortie d'une amende de 250 000 DA chacun et 10,5 millions de dinars pour la publication. Les peines ont été prononcées pour offense au président de la République. Il s'agit là encore de peines extrêmement sévères jamais prononcées depuis l'amendement du code pénal en 2001. La répression n'a jamais été et ne sera jamais le remède idoine qui convient d'appliquer aux libertés, a également souligné Me Bourayou. La défense compte introduire un appel. Le tribunal a eu à connaître des procès opposant le ministère de l'Intérieur et la DGSN aux journaux El Khabar et El Watan pour un article paru en février 2003 reprenant une lettre adressée par d'anciens officiers de la police au chef de l'Etat. Le délibéré de cette affaire est fixé au 11 janvier 2005. La section chargée des délits de presse a eu également à traiter de nombreuses actions et poursuites contre la journaliste d'El Khabar Souad Azzouz et le directeur de publication Ali Djerri pour une enquête publiée sur la banque AIB. Ali Djerri a eu à répondre également à une plainte du ministère de l'Agriculture suite à un dossier paru en 1999 sur les abattoirs d'Alger. Par ailleurs, le tribunal a relaxé Ali Ouafek, directeur de Liberté, pour une plainte déposée contre lui par la direction de l'AADL. S. T.