Résumé : Samir se réveille au petit matin et se rendit dans la cuisine, où sa mère lui sert son petit-déjeuner. Elle ne rate pas l'occasion de lui parler de sa situation... Il n'était plus le garçon affectueux qui ne faisait rien sans l'en avertir... Ces derniers temps, il s'occupait plus de sa femme que de sa vieille mère... Elle prend une lente inspiration et poursuit : je suis celle qui a pourtant sacrifié sa vie pour vous élever, vous instruire, et faire de vous des hommes accomplis... Ton père ne rentrait que pour cuver son vin, ou créer des scènes qui finissaient souvent par m'envoyer à l'hôpital...J'ai tant souffert, et je souffre encore plus... L'ingratitude, mon fils, est un péché qui n'a de remède que la reconnaissance des fautes commises... Qu'ai-je donc fait de mal dans ma vie pour mériter un tel sort ? Elle se remet à pleurer. Samir s'approche d'elle et la prend dans ses bras : -Cesse de verser des larmes de bon matin, tu vas me gâcher la journée... Je ne suis pas aussi ingrat que tu le penses maman... Il est vrai que ces derniers temps je suis un peu pris par mon travail, mais je t'assure que tu te trompes dans tes estimations... Tu es et resteras toujours un exemple pour nous tous... Ne l'oublie surtout pas ma petite maman... -Alors, pourquoi ne veux-tu pas m'écouter ? -Je t'écoute... De quoi donc veux-tu m'entretenir ? Elle s'éloigne un peu de lui et jette un coup d'œil par la porte de la cuisine pour s'assurer qu'ils étaient seuls, et que personne ne pouvait les entendre. Puis, elle revint et l'invite d'un geste à s'asseoir, avant de prendre, elle-même, place devant la grande table : -Samir mon fils... Tu sais bien que les mamans ne pensent qu'au bonheur de leurs enfants... Nous sommes toutes pareilles dans nos aspirations et chacune d'entre nous ne vit que dans l'espoir de voir ses enfants heureux et comblés. Aucune maman au monde n'aimerait trépasser avant d'avoir mené à bien sa mission, afin de partir le cœur léger.... Elle se tut et s'assure que Samir l'écoutait attentivement, avant de toussoter et de poursuivre : -Voilà, je voulais t'aider à atteindre tes objectifs mon fils... Heu... Pas sur le plan professionnel. De ce côté-là, louons Dieu, je peux dormir sur mes deux oreilles. Toutefois, dans ta vie conjugale, je ne vois pas comment tu acceptes de t'encombrer d'une femme stérile alors qu'il y a des filles qui n'attendent qu'un signe de toi et... Samir lève une main pour l'interrompre : -On ne sait pas qui de nous est le fautif dans ce domaine... Mordjana et moi avons subi un tas de tests... Tout semble aller pour le mieux... Pourquoi donc l'accuser de cette tare ? -Tu n'y es pas mon fils... La stérilité secondaire vient du fait que la personne qui en souffre est souvent atteinte d'un trouble psychologique... Heu... Mordjana a eu une enfance difficile, et tout ce qu'elle a enduré se répercute aujourd'hui sur son état général... Je... Je ne veux pas que tu subisses ce revers de la médaille... Tu es jeune, la vie ne fait pas de cadeau Samir... Elle ne donne pas toujours l'opportunité aux humains de réaliser leurs rêves, si eux-mêmes ne provoquent pas le destin... -Le destin ? Mais je l'ai déjà provoqué en épousant Mordjana... J'ai... Je me suis même séparé de ma première fiancée... Ilhem ne méritait pas un tel sort pourtant. Hasna sourit : -Enfin, tu commences à devenir raisonnable... Je voulais justement te parler d'elle. -Tu voulais me parler d'Ilhem ? Elle hoche la tête : -Oui.... Elle regarde autour d'elle pour s'assurer encore une fois qu'ils étaient seuls et poursuit : -Je voulais te demander de renouer avec elle.... Samir s'agite sur sa chaise et s'apprête à se lever, mais Hasna lève une main et stoppe son élan en poursuivant : -Je n'ai pas apprécié cette fille au début de vos fiançailles... Elle m'avait parue un peu trop libre, trop volage... Heu... Enfin, comprends-moi, je voulais le meilleur pour toi... Une femme plus jeune, plus posée, et moins frivole... Ton insistance avait fini par me convaincre que c'était cette écervelée que tu voulais. Alors, de mauvaise grâce, je le reconnais, j'ai fini par passer sous le joug et l'accepter... Puis, ton vaurien de père avait tout fait basculer... Elle soupire : -On n'a pas idée de miser sur ses enfants pour une vilaine partie de poker... Il t'a alors vendu, c'est bien le mot, à cette bohémienne qui est devenue ta femme, et qui, non contente de t'avoir accaparé, trouve encore le moyen de se lamenter sur son sort... Si elle t'aime comme tu t'entêtes à le penser, elle n'a qu'à retourner chez ses parents et te libérer... Tu pourras alors épouser Ilhem qui saura te rendre heureux et assurer ta descendance... Cette fois-ci, Samir l'interrompt : -Ce que tu racontes là est insensé maman... -Insensé ? Elle secoue sa tête : -Dis que c'est plutôt sensé. Moi, je ne veux que ton bonheur, et au fond, je sais que tu aimes encore Ilhem. Y. H. (À suivre)