Le réalisateur de “l'Opium et le Bâton” a dirigé, durant 15 ans, le défunt Office national pour le commerce et l'industrie cinématographique (Oncic). Liberté : Le décret exécutif n° 04-236 du 21 août 2004 porte sur la réorganisation du centre de diffusion cinématographique, qui s'appelle désormais le Cnca. Peut-on connaître votre avis sur la question ? Ahmed Rachedi : On en parle depuis 1998. Je pense qu'il y a derrière cela une volonté de mettre en place des mécanismes pour essayer de reprendre, en main, l'activité cinématographique. Cependant, si ce nouveau centre peut naître pour être accolé à une autre institution, qui existe mais obsolète, à savoir le centre de diffusion cinématographique, cela n'a aucune importance. Je constate que la presse a lancé ces derniers jours le débat sur sa future gestion. À mon avis, le problème ne se situe pas à ce niveau. L'important est qu'il y ait une volonté indiscutable. Il est vrai qu'on remarque une certaine hésitation dans le choix du caractère à donner à ce centre, à savoir administratif ou commercial. Qu'est-ce que vous pensez du conseil d'orientation ? Franchement, on se croirait au temps du parti unique. Une commission pour orienter quoi ? J'aurais personnellement apprécié la création d'une commission paritaire, comme cela existe partout, pour sélectionner les sujets devant bénéficier de l'aide de l'Etat. Ce serait intéressant que ce centre revoie la fiscalité imposée au cinéma algérien qui reste, faut-il le dire, l'un des plus imposés. Ou faire des taxes douanières sur tous les produits. Dans certains cas, elles sont très élevées alors qu'elles ont été supprimées dans de nombreux pays. Ceci dit, on ne peut que saluer la création de cette institution si elle est annonciatrice de bonnes choses. Il faudrait tout simplement que ses missions et ses objectifs soient clairs. Parallèlement, il y a nécessité de mettre à sa disposition les moyens dont elle aurait besoin. Pour cela, il n'y a qu'à prendre exemple sur les mécanismes adoptés en Europe et aux USA et même dans certains pays voisins. Comment peut-on expliquer qu'en Tunisie on aide le cinéaste à produire deux films par an ? Ce n'est pas le cas chez nous. On peut le faire en prélevant un dinar sur la vente de tabac, le loto, la course des chevaux, etc. Ou bien trouver un mécanisme pour le financement de la télévision en imposant une taxe additionnelle sur l'électricité. A. F.