La riposte de Makri est cinglante, porteuse même de risque d'éclatement du parti, du moins d'exacerbation des antagonismes internes. Urgence signalée au sein du Mouvement de la société pour la paix (MSP). La rencontre, jeudi dernier, au siège de la présidence de la République, entre une délégation du MSP conduite par Abderrazak Makri et le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, a en effet grandement entamé la sérénité politique, voire organique du parti. À telle enseigne qu'Abderrazak Makri, visiblement décontenancé et mis à mal par les nombreux commentaires et analyses que son initiative a suscitée notamment chez les médias mais aussi irrité par les assauts répétés de son adversaire de toujours, l'ex-président du parti, Abou Djerra Soltani, en l'occurrence, a ressenti la nécessité impérieuse d'une explication et l'urgence d'une sommation froide à l'encontre de Soltani qui a multiplié les tribunes pour plaider le retour du MSP dans le giron du pouvoir. "Le mouvement affirme qu'il puise ses décisions au sein de ses institutions et personne ne peut exercer une pression sur son président, ni sur le bureau exécutif national, ni encore sur le madjlis echoura national. Il dénonce l'étalage des points de vue personnels relatifs aux orientations dans les médias et invite l'ancien président (Abou Djerra Soltani, ndlr) à la discipline et à exercer son droit à l'expression au sein des structures du mouvement. Il l'appelle aussi à s'éloigner de tout ce qui pourrait induire en erreur l'opinion publique et jeter le brouillard sur les orientations du mouvement et ses positions", a averti, en effet, le bureau exécutif national du MSP dans une déclaration publique à l'issue de sa réunion extraordinaire. C'est pour la première fois depuis qu'il tient les rênes du MSP qu'Abderrazak Makri délivre pareil avertissement à l'encontre de son prédécesseur qui n'est d'ailleurs pas à son premier écart disciplinaire. Abou Djerra Soltani, en mal de sevrage du pouvoir auquel il a goûté en tant que ministre de la République, ne s'est jamais accommodé de la position que son parti a fait sienne depuis 2011, à savoir une implication active dans l'opposition. Il ne s'en est jamais caché, au demeurant. Mais avec le désir exprimé par le MSP de renouer le dialogue avec le pouvoir, il a repris de faire pression sur Makri pour que "la retrouvaille" avec le pouvoir se mue vite en la célébration à nouveau d'une lune de miel. Abou Djerra Soltani n'a de cesse d'œuvrer en sourdine à faire rallier à sa cause le maximum de cadres des instances délibérantes du parti. Il s'est cru être d'ailleurs parvenu, puisqu'il s'est permis dans l'une de ses récentes sorties médiatiques d'affirmer que le MSP travaillait de proche en proche à revenir dans la proximité du pouvoir, se démarquant, par enthousiasme aveuglant ou par pure bravade, des textes politiques de référence de son parti, à savoir la plateforme de Mazafran, suggérant, du coup, que Makri se préparait à faire ses adieux à l'opposition. C'en était apparemment trop. La riposte de Makri est cinglante, porteuse même de risque d'éclatement du parti, du moins d'exacerbation des antagonismes internes. La mise au point était inévitable, sachant que des membres de l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition (Icso) commençaient à vraiment soupçonner un jeu trouble chez le président du MSP. Le bureau exécutif national du MSP rappelle que "le mouvement maintient son implication dans l'opposition, à travers son engagement à la fois dans la CLTD et dans l'Icso et qu'il garde toujours comme document de référence la plateforme de Mazafran, un document historique et le plus à même de réaliser le consensus et de préserver le pays des dérives". L'instance exécutive du MSP s'est longuement expliquée par ailleurs sur le sens de l'initiative prise de rencontrer Ouyahia, expliquant que cela n'a pas été fait au nom de l'opposition mais n'engage que le parti qui reste libre de se rendre à des initiatives partisanes. S. A. I.