Le décès d'une parturiente après son transfert à Alger, après une césarienne qu'elle a subie dans une clinique privée à Bouira, a suscité la colère des membres de sa famille qui pointent du doigt un laisser-aller dans cette structure. Ils ont organisé une marche et un sit-in, pour exiger l'ouverture d'une enquête et n'écartent pas le recours à la justice pour faire la lumière autour de cette affaire. Pour eux, le décès est dû à une négligence de la part de l'équipe soignante, en particulier les infirmières de garde. Ils affirment que lors de son admission dans la clinique pour accouchement, la défunte était en parfaite santé. Et de poursuivre : "Après la césarienne, elle a pu entrer en contact avec nous pour se plaindre de douleurs apparues vers 1h du matin. Vers 3h, l'équipe médicale nous a contactés pour nous demander du sang frais en urgence", car, nous a-t-on appris, "elle avait subi une seconde intervention". "Ce que nous reprochons au personnel, c'est d'avoir perdu du temps et d'avoir tardé à l'évacuer vers un CHU ; cette évacuation ayant été réalisée dans de mauvaises conditions", ont-ils précisé. Le gérant de la clinique réfute ces accusations "infondées" et se dit prêt à répondre à toutes réquisitions des autorités administratives ou judiciaires. "La parturiente a été admise à 15h pour grossesse à terme pour accouchement. Après avoir subi les examens, clinique, obstétrical et échographique suivi d'un bilan biologique, le gynécologue de service décide, après en avoir référé à la famille et obtenu son accord, de pratiquer une césarienne. Le groupe sanguin étant relativement rare (A négatif), le chirurgien s'est assuré de la disponibilité d'une quantité suffisante de sang devant permettre cette intervention et faire face à toute éventualité. La césarienne s'est déroulée dans des conditions normales et satisfaisantes donnant naissance à un bébé vivant et en bonne santé", dit-il. À 2h, la parturiente s'est plainte de douleurs. L'examen réalisé, entre autres, par un radiologue appelé en urgence à 3h, a diagnostiqué une hémorragie interne et une complication gravidique avec hypocoagulabilité. "C'est pourquoi une intervention chirurgicale a été préconisée et effectuée dans le but de localiser l'origine du saignement et de pratiquer une hémostase. Une trentaine de donneurs de sang ont répondu à l'appel", a-t-il précisé. Devant la gravité du tableau relevant surtout d'une réanimation spécifique, la parturiente, accompagnée du gynécologue et du médecin réanimateur, a été transférée et admise au CHU de Kouba où elle est décédée. Selon un médecin spécialiste que nous avons contacté, il s'agit du Hellp syndrome, une complication rare et gravissime qui peut survenir après un accouchement ou une césarienne et dont l'issue est fatale dans 80% des cas, selon les statistiques européennes. Le gérant de cette clinique a réaffirmé que seuls 10 décès ont été enregistrés depuis 2005, date de son ouverture, pour tous les actes effectués, dont 3 seulement au service maternité. A. D.