Résumé : Samir vivait dans le mensonge... Mais, paradoxalement, il prenait goût à la double vie qu'il menait entre ses deux femmes qu'il aimait. Un dilemme qu'il ne s'expliquait pas. Il voulait avouer sa relation avec Ilhem à Mordjana mais le courage lui maquait... Cette dernière revient sur le sujet de l'adoption. Il la serre contre lui et, confiante, elle ferme les yeux. La venue d'un enfant va sûrement changer beaucoup de choses dans leur quotidien morose... -Je vais m'occuper dès demain des premières formalités... Je crois qu'il y a tout un dossier à préparer, des analyses médicales à subir et tout le tralala habituel des va-et-vient entre les administrations... -Je suis prêt à te suivre jusqu'au bout du monde Mordjana... Fais ce qui te semble dans notre intérêt... Je ne vais lésiner sur aucun effort ni aucune dépense pour notre bien-être et celui de ce petit qui va sûrement égayer notre vie... Elle sourit tristement : -Tu me rassures, Samir... J'avais cru ces derniers temps que tu t'éloignais de moi... Il sursaute et se redresse : -Pourquoi ? Je suis pourtant près de toi tous les jours... -Certes... Mais... mais je sentais comme...comme quelque chose qui ne tournait pas rond chez toi... Je... Oh ! Excuse-moi... Je fabule, bien sûr... Tu es tellement pris par ton travail et tes projets, et moi je suis là à me morfondre dans ma solitude... Alors... tu comprends, parfois je me laisse aller à des idées noires. Il la reprend dans ses bras et l'embrasse : -Ne broies plus du noir ma chérie... Si cela te tracasse, je ne vais plus travailler tard au bureau... -Non... Surtout ne change rien à tes habitudes... Je ne suis qu'une ingrate qui ne pense qu'à moi... Il ferme les yeux et retint sa respiration. L'image d'Ilhem traverse son esprit. Ilhem ne pouvait rien lui reprocher puisqu'elle était au courant de tout, mais Mordjana... Il rouvrit les yeux et la contemple avant de lancer d'une petite voix : -Cesse donc de dire des bêtises... Tu n'es ni une ingrate ni une inconsciente... C'est moi qui me laisse aller parfois... Je m'oublie souvent lorsque je travaille sur un projet important. C'est donc plutôt moi qui devrais m'en excuser. Elle lui caresse la joue : -Non, je ne suis qu'un petite idiote qui ne vois rien d'autre que ses propres désirs... Je... je ne veux pas que tu changes quoi que ce soit dans tes habitudes... Nous sommes tellement bien ensemble... Il baisse la tête et repense encore à sa relation extraconjugale avec Ilhem, et se dit qu'il n'était qu'un vilain petit canard, qui mentait maintenant sans remords ni embarras... Où donc avait-il appris à utiliser un vocabulaire aussi étoffé pour camoufler ce qu'il considérait comme une trahison ? Le moment était-il bien choisi pour dévoiler à Mordjana ce secret qui, en vérité, lui pesait sur le cœur ? Il relève les yeux et rencontre son regard franc et souriant : -À quoi penses-tu ? Il se relève sur un coude et met un oreiller sous sa tête avant de répondre : -Je pensais à nous deux... À notre vie ensemble... -Tu... tu relèves quelque chose d'anormal ? -Mais non ! Bien au contraire, je me disais que nous avions tout de même eu la chance de nous découvrir et de nous aimer. -C'est vrai. C'est cet amour qui a fait que tu as supporté tous mes caprices. -Peut-être... mais toi aussi tu as supporté les miens... -Heu... Pas autant que toi... Je... je vais t'avouer quelque chose Samir. -Vas-y, je t'écoute... -Hum... Il y a quelques jours, alors que je prenais quelques-unes de tes chemises pour les mettre dans la machine à laver, j'ai senti un parfum... Heu... un parfum qui n'était pas le tien... Un parfum de femme... Sans broncher, il soutint son regard, alors qu'une désagréable sueur inondait son dos. -Heu... Ne m'en veux pas... Je... J'ai pensé que tu avais quelqu'un... C'était vite calculé bien sûr avec tes retours tardifs... Puis je me suis dis qu'après tout, tu avais le droit de vivre... Je voulais même te proposer le divorce... Tu as le droit de refaire ta vie et d'avoir des enfants avec une autre, et... Ne pouvant pas supporter davantage, il met une main sur sa bouche : -Que racontes-tu là petite folle ? Tu voulais me quitter ? Tu voulais m'abandonner à mon sort et partir loin ? -Je ne t'abandonnes pas à ton sort... Tu es un homme public, un homme qui rencontre des gens à longueur de journée... Je voulais te libérer de mon emprise afin que tu puisses refaire ta vie... Ce parfum m'a ouvert les yeux sur une réalité que je voulais ignorer, car elle me faisait mal, mais je me suis rendu compte que tu pouvais tous les jours aborder des femmes intéressantes, qui n'attendent peut-être qu'un signe de toi pour tomber dans les bras... -Arrête... ! Y. H. (À suivre)