L'année 2005, sur ce plan, n'annonce rien de nouveau. Il se pourrait même qu'elle serve à ouvrir la voie à un… troisième mandat. Des préoccupations plus prosaïques, qui ont néanmoins l'excuse de la faiblesse humaine, ont quelque peu relégué à l'arrière-plan les interrogations sur le devenir de la vie politique – si ce n'est pas trop dire — en ce début d'année. Est-ce parce que le champ du même nom semble durablement balisé, avec la netteté géométrique et hermétique d'un enclos d'enfermement, ou parce que, désabusée, l'opinion ne croit plus au destin national des leaders qui avaient pris leur envol après Octobre 88 ? Désaffection et indifférence, si tant est qu'elles peuvent être qualifiées de réactions, sont en train de tenir lieu d'attitude et de position vis-à-vis de la chose politique. Même les derniers jours de l'année qui vient de s'écouler n'ont pas pu faire sortir notre classe politique de la torpeur dans laquelle l'a plongée l'élection présidentielle du 8 avril dernier, alors que dans les pays à tradition démocratique, la période est mise à profit pour dresser les bilans et faire des projections. Prenons garde, cependant, à ne pas franchir un pas, celui qui consisterait à accabler ce qui reste encore de classe politique dans ce pays. L'autisme n'est pas seulement du côté qu'on croit. En effet, il y a bel et bien une normalisation consécutive à la réélection du président Bouteflika qui a aggravé le verrouillage du champ politique qui lui était déjà antérieur. L'activité publique des partis et personnalités politiques est toujours en butte à des tracas, voire à des mesquineries administratives. Mais la lassitude et la résignation ne sont pas non plus étrangères à ce sentiment dominant d'apathie. Que reste-t-il du fameux “groupe des 10” qui est né et s'était mobilisé pour assurer la régularité du dernier scrutin ? Un envol d'oiseaux, même pas une réunion autour d'un thé pour livrer aux Algériens son appréciation du mode de gouvernance en cours. Il faut bien l'admettre, l'autocritique n'est pas le fort du personnel politique algérien. C'est peut-être même là sa grande faiblesse, son talon d'Achille. Le pouvoir politique est aussi fort de la dispersion et des fiertés individuelles de ses adversaires. Il ne suffit donc pas d'incriminer, à tout bout de champ, la fermeture de l'espace politique et de la télévision, encore faut-il être prêt à assumer quelques risques liés à l'exercice, normalement difficile, de la politique. L'année 2005, sur ce plan, n'annonce rien de nouveau. Il se pourrait même qu'elle serve à ouvrir la voie à un… troisième mandat. A. H.