La multiplication des processus de discussion a montré ses limites devant des milices qui rejettent, par leurs agissements, toute possibilité d'une solution politique à la guerre qui ravage la Libye depuis 2011. Les représentants du Parlement parallèle de Tripoli, contrôlé par Fajr Libya, sont depuis jeudi soir à Alger pour tenter de trouver un terrain d'entente avec l'émissaire des Nations unies en Libye, Bernardino Leon, après leur refus de signer l'accord de paix de Skhirat (Maroc), en vue de former un gouvernement d'union nationale. Rejoints hier par le chef de la diplomatie italienne, Paolo Gentiloni, Bernardino Leon et le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, ont affirmé que cette nouvelle rencontre a été convoquée pour discuter des "moyens de renforcer et de faire avancer le processus de dialogue (interlibyen)", selon un communiqué de l'Unsmil, repris par l'APS. Alger accueillait, dans le cadre du dialogue interlibyen, les partis politiques, mais l'impasse devant laquelle se retrouve ce processus va-t-elle pousser l'Onu à revoir sa démarche en rassemblant les Libyens autour d'un seul processus ? Tout porte à croire que ce sera le cas, car les discussions des deux Parlements libyens parallèles à Skhirat, au Maroc, ont montré les limites de l'initiative onusienne de multiplier les processus de dialogue, avant d'aboutir à une solution définitive à cette crise. Le Parlement de Tobrouk, internationalement reconnu, a apposé sa signature sur le projet d'accord de l'Onu à Skhirat, alors que celui de Tripoli, le Conseil général national (CGN, non-reconnu), a refusé de s'y rendre pour la cérémonie de signature, prétextant que le document en question ne répondait pas à ses attentes, tout en laissant la porte ouverte à la poursuite des discussions. C'est le cas aussi pour le processus du Caire qui devait regrouper les chefs de tribus libyennes, mais qui n'a jamais pu avancer dès le premier round, après le refus des tribus de l'ouest et du sud libyens de se réunir en dehors de la Libye. D'ailleurs, une réunion des chefs de tribus est prévue pour ce lundi à Tobrouk, où siègent le Parlement élu et le gouvernement du Premier ministre, Abdallah al-Thani, seules autorités crédibles aux yeux de la communauté internationale. Toutefois, l'un des plus sérieux blocages qui minent le dialogue interlibyen est le rejet des milices, dont le nombre s'élèverait à 1600, de la voie diplomatique. Ces milices estiment qu'aucune autorité politique n'est légitime ou représentative de la volonté populaire et des idéaux de la "révolution du 17 février 2011", qui a conduit, neuf mois plus tard, à la chute de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi. Alger saura-t-elle donc convaincre les représentants du CGN pour signer le document de Skhirat afin de passer à une nouvelle phase du dialogue interlibyen ? Les discussions se sont poursuives tard dans la nuit d'hier et reprendront aujourd'hui. L. M.