Après que des responsables irakiens aient admis, à demi-mot, un coup de frein dans les opérations de préparation des élections, notamment dans les régions à majorité sunnite au nord et à l'ouest du pays, c'est au tour du ministre irakien de la Défense d'évoquer la possibilité de reporter le scrutin. Certes, le gouvernement Allaoui envisage la possibilité d'étaler le déroulement des élections sur plusieurs semaines pour contourner l'obstacle de la violence, mais cela risque d'être insuffisant à cause de la recrudescence des actes de violence. Voyant que le retrait des sunnites des élections leur ôtera toute crédibilité, le pouvoir en place à Bagdad envisage un report. Cette option sera retenue si jamais les sunnites s'engagent à y participer. Sur le terrain, la violence touche à la préparation du vote. En effet, les attaques et les attentats visent les membres des commissions électorales et leurs sièges. Conséquences, à Baïji, la commission chargée de préparer le scrutin a démissionné. À Cherqat, la guérilla a fait exploser l'immeuble où devaient se dérouler les opérations de vote. Après les appels au boycott et le retrait du processus électoral de plusieurs formations politiques qui, selon elles, ne peut pas se tenir convenablement en raison de la situation électorale catastrophique, c'est au tour du comité des oulémas musulmans irakiens de discréditer le scrutin. Hareth Slimane Edhari, le président de cette auguste institution religieuse, a qualifié les élections de “formelles”, tout en les récusant car, estime-t-il, “ne concrétisant pas notre objectif essentiel qui est de mettre fin à l'occupation”. En décidant de maintenir ce vote, “les organisateurs ont déjà consacré, à certains partis et factions, les sièges du Parlement”, a-t-il déclaré. Sur le terrain, la situation se complique de jour en jour avec des menaces de la résistance annonçant une augmentation des attentats. L'armée islamique d'Irak affirme dans un communiqué que “les prochains jours de cette nouvelle année verront les plus grandes surprises que les moudjahidine ont préparé à vos enfants à l'extérieur et à l'intérieur de l'Amérique”. Il s'agit là d'une menace de porter les actes de violence sur le sol américain. L'attentat perpétré lundi matin contre le siège du parti politique du Chef du gouvernement irakien, Iyad Allaoui, à Bagdad, dénote de la volonté des responsables de la guérilla irakienne de saboter le processus électoral. Depuis l'appel du patron d'Al-Qaïda reconnaissant au Jordanien Abou Mossaâb Al-Zarqaoui le titre d'émir de l'Irak et l'augmentation des actions armées contre l'Amérique, la situation sécuritaire a empiré. Pour la seule journée de lundi, l'on a enregistré pas moins d'une dizaine d'attentats. Depuis le début de l'année 2005, plus de cent personnes ont été tuées dans les actions armées de la guérilla. K..A.