Résumé : Le jeune couple arrive à l'orphelinat où les attendait le petit Amir. Mordjana est excitée à l'idée de l'avoir enfin pour toujours dans la famille. Auparavant, elle avait eu une petite conversation avec Samir... Ce dernier a tenté de lui dévoiler une facette cachée de sa personnalité, mais l'amour de Mordjana dépassait tout entendement. Ils quittèrent l'orphelinat et remontèrent dans la voiture. La jeune femme se met tout de suite sur le siège arrière pour tenir Amir sur ses genoux. Samir reprend la route et se dirige vers la côte afin de faire profiter sa petite famille de cette journée radieuse et mémorable. Il voulait fêter l'événement et faire une surprise à sa femme et à Amir, son fils... Le mot résonnait à ses oreilles... Son fils ! Il avait un fils ! Il ne réalisait pas encore qu'il était le père d'un enfant... Un père adoptif... Non... Il n'aimait pas cet adjectif... Un père tout court. Il jette un coup d'œil au rétroviseur et remarque les efforts de Mordjana pour dérider Amir... Ce dernier, encore un peu craintif, semblait désorienté. C'était compréhensible aussi... L'enfant venait de quitter les lieux où il a toujours vécu, et les enfants avec qui il a grandi. Il serrait toujours, tel un bouclier, son jouet dans ses bras et regardait autour de lui comme s'il cherchait à reconnaître les lieux qu'il traversait. Mordjana tentait de le distraire. Elle avait ouvert la vitre et lui montrait le paysage. Mais Amir ne se déridait pas. -Il est peut-être fatigué, lance Samir. -Je trouve plutôt qu'il est mélancolique... C'est la première fois qu'il quitte l'orphelinat, ne l'oublie pas. -Je l'ai bien compris... C'est d'ailleurs pour cela que je ne voulais pas rentrer tout de suite à la maison... Nous allons passer la journée en plein air. -Parfait... Tu as une préférence pour un endroit particulier ? Il hoche la tête : -Oui... Je connais un bon restaurant, Amir pourra s'en donner à cœur joie dans le jardin qui l'entoure. Il se rappelle tout à coup qu'il parlait du restaurant où il avait déjeuné avec Ilhem à leur premier rendez-vous. Il voulait rebrousser chemin et changer d'endroit, mais la circulation était très dense, et puis Amir commençait à s'agiter. Il continue son chemin et ils arrivèrent au restaurant à l'heure du déjeuner. Samir se gare dans le parking et ouvre toute grande la portière arrière pour permettre à sa femme de descendre puis à Amir qui la tenait par sa jupe. -Alors petit bout de chou, comment ça va ? Il lui pince la joue et s'agenouille devant lui : -Pourquoi ne réponds-tu pas ? Amir regarde autour de lui. Il remarque des enfants qui se poursuivaient en riant dans un espace vert. -Tu veux jouer ? lui demande Samir qui avait suivi son regard. Amir plante son père au milieu du parking et se met à courir. -Attends ! s'écrie Mordjana... Attends Amir... Ne cours pas ainsi comme un forcené. -Laisse-le faire, lance Samir en se relevant...L'endroit est sécurisé... Il ne risque rien, et nous ne serons pas loin. Il lui indique la terrasse qui leur faisait face et où plusieurs couples étaient déjà attablés. - Allons nous installer et commander un déjeuner. -Et... Et Amir... Il a sûrement faim... -Ne t'inquiète pas...Tout comme les enfants de son âge, dès qu'il aura épuisé son trop-plein d'énergie, il cherchera après nous et demandera à manger. Mordjana sourit. -Je pensais que tu étais un inculte en matière d'éducation enfantine. -Eh bien, tu vois bien que je ne suis pas aussi ignare dans le domaine... Nous étions enfants nous aussi. N'est-ce pas ? Ils commandèrent leur déjeuner sans quitter Amir des yeux. Mordjana voulait se lever pour le ramener, mais encore une fois Samir l'en empêchera : -Laisse-le donc tranquille... Si tu te mets à suivre tous ses mouvements, il finira par se lasser de toi. -J'ai peur qu'il ne fasse une chute et se blesse. -Où est le mal ? Tous les enfants courent, se poursuivent, tombent, se blessent, pleurent, puis se relèvent... Tu vois bien aussi que l'herbe est assez haute pour servir d'amortisseur... -Tout de même... Amir vient à peine de quitter l'orphelinat. -Raison de plus pour lui faire oublier cet endroit... Il va s'amuser, puis réclamer à manger, avant de s'endormir. Elle lui pince le bras : -Tu m'intrigues de plus en plus. Y. H. (À suivre)