C'est une visite éclair de moins de deux heures qu'Aïcha Tagabou, ministre déléguée, chargée de l'Artisanat, a consacrée à son déplacement à Tlemcen hier. Aussitôt arrivée, aussitôt repartie, pourrait-on dire. Trois étapes seulement figuraient à son programme : l'inspection rapide du projet de construction de la Maison de l'artisanat à Mansourah, coup d'œil à l'exposition des artisans d'Adrar organisée dans l'enceinte du parc d'attractions de Lalla Setti et la visite du centre artisanal de Bab Zir, situé dans la vieille médina. Alors que les nombreux artisans de Nedroma, de Beni Snous et de Bider Msirda Fouaga pensaient pouvoir être associés à une réunion de travail pour exposer leurs doléances, ils ont dû vite déchanter. Aïcha Tagabou a pourtant été informée par le secrétaire général qui l'accompagnait dans sa visite, que Tlemcen est une région à tradition artisanale vu son riche patrimoine pétri par les petits métiers et que les problèmes rencontrés par les 6 000 artisans en activité sont nombreux à commencer par les difficultés d'approvisionnement de la matière première et surtout de sa cherté sur le marché. En effet, pour réaliser les sculptures sur bois, travailler sur le cuir, ciseler le cuivre et le métal, créer de nouvelles formes de poterie, confectionner les nattes, le tapis, la fetla, le medjboud, les bijoux et habits traditionnels, les caftans brodés au fil d'or ou le mensoudj, les artisans doivent pouvoir bénéficier d'un approvisionnement permanent et à bon prix, ce qui est rarement le cas. À cela s'ajoute le fort taux de fiscalité et de parafiscalité qui leur est imposé, obligeant certains maîtres artisans à abandonner en cours de chemin la mission qu'ils se sont pourtant engagés à poursuivre, celle de transmettre leur savoir-faire à la génération montante. Certes, depuis la mise en place de la Chambre de l'artisanat et des métiers, implantée au sein de la citadelle de Méchouar, dotée d'une grande salle réservée à une exposition permanente des produits artisanaux locaux que la ministre n'a pas visitée, une nouvelle vision a été dégagée par les pouvoirs publics pour envisager la relance de cette activité ancestrale et une meilleure prise en charge des préoccupations des artisans de la région. Cependant, le budget affecté à cette institution est en dessous des besoins exprimés par la corporation. B. A.