Le ministère de la Défense nationale (MDN) s'est fendu, dans la dernière livraison de la revue El Djeïch, d'un éditorial dans lequel il reproche à la presse d'exagérer des faits de terrorisme, alors qu'ils ne sont en vérité que des "affaires banales". Dans l'écrit en question, un long paragraphe est réservé aux remarques à l'endroit de la presse qui aurait manqué de "vérifier l'information" et de "rechercher la vérité auprès de la source officielle". En somme, un rappel de ce que devrait être, dans la perception du MDN, le rôle de la presse. "En cette circonstance, il est nécessaire de rappeler le rôle de la presse nationale dans la lutte contre le terrorisme à travers la nécessité de vérifier l'information, de rechercher la vérité auprès de la source officielle, en veillant à éviter de verser dans l'exagération et la surenchère", a souligné l'édito d'El Djeïch, qui, pour étayer cette requête, cite en exemple ce qui s'est passé à Chaâba, près de Batna. Pour la publication du MDN, il s'agit d'"une affaire banale, vite circonscrite" que les médias ont surdimensionnée. Aussi, est-il reproché à certains organes de presse, "plus préoccupés par la course au scoop médiatique, en se fiant particulièrement aux informations véhiculées par les supports électroniques sans s'assurer de leur authenticité", de l'avoir "transformée en attaque terroriste d'envergure couronnée par l'occupation de positions dans le proche environnement de la caserne". Autre exemple cité : le traitement médiatique de ce qui s'est passé à Bouira. L'édito d'El Djeïch évoque "un acte isolé n'ayant aucun lien avec le terrorisme" que, là encore, "une certaine presse a traité en étant aux antipodes de la vérité, allant jusqu'à parler d'accrochages violents entre les forces de l'ordre et les terroristes. D'autres organes vont jusqu'à leur accoler le qualificatif d'‘éléments armés'". L'édito conseille vivement, comme de juste d'ailleurs, aux médias nationaux de prendre les informations à la source. Soit. Mais en se rendant à ce conseil, il ne manque pas de soulever le problème de l'accès aux sources de l'information, un épineux problème auquel est confrontée la corporation. Il reste, en effet, difficile aux sources officielles, notamment s'agissant des questions de terrorisme. Le MDN, comme le reste des institutions, ne réagit pas avec promptitude aux questions de la presse et de l'opinion publique. Et si l'attitude de l'armée se justifie parfois par sa nature de "grande muette", cela n'est pas toujours valable. Il est des situations où l'opinion a besoin d'être informée et rassérénée, pour ne pas céder à la panique. Si sous d'autres cieux, les institutions ont, en vertu de lois et de règles bien définies, le devoir de répondre aux questions légitimes de la presse, chez nous elles se murent souvent dans le silence. Les départements ministériels, hormis quelques exceptions, demeurent encore prisonniers d'un vieux réflexe : le "culte du secret", qui remonte à l'ère de la Révolution. La réforme de la communication institutionnelle urge. Le ministre de la Communication en a pris conscience. Il avait évoqué le chantier, il n'y a pas si longtemps. A. R.