À quelques jours de la grève annoncée par le Cnapest pour les 9 et 10 janvier, le ministère de l'Education a saisi la justice pour interdire cette action de protestation. Le Conseil des lycées d'Alger (CLA) a exprimé, hier, son soutien aux animateurs de la coordination. à deux jours de l'expiration du préavis de grève de la coordination des enseignants du supérieur prévue les 9 et 10 janvier prochain, le ministère de l'éducation tente par tous les moyens légaux et autres arguties juridiques d'empêcher cette action de protestation. Alors que l'affaire devait passer, hier après-midi, en référé au tribunal de Abane-Ramdane à Alger, les animateurs du Cnapest furent surpris de découvrir une nouvelle requête déposée par le département de Benbouzid et qui contredit fondamentalement la première. Devant ce fait accompli, l'avocat de la partie civile a donc demandé le report de l'audience jusqu'à ce matin, le temps d'étudier les “griefs” contenus dans la plainte et préparer une riposte. C'est donc à un coup de théâtre auquel ont assisté les animateurs du Cnapest qui étaient venus répondre devant la justice pour se voir signifier qu'ils étaient “non concernés” par le procès. Pourtant, les noms de MM. Mériane de Tizi Ouzou, Mahfi de Béjaïa, Zbiri de Bordj Bou-Arréridj, Nouar de Sétif et Hamadi de Mostaganem figurent bel et bien sur la liste des personnes incriminées par le ministère dans sa première requête. Et au moment où les prévenus et leur avocat s'apprêtaient à rentrer dans la salle d'audience pour se défendre, l'avocat de la partie plaignante a surpris tout le monde en signifiant que la première requête est caduque et qu'il fallait uniquement tenir compte de la seconde. Or, ni les mis en cause ni leur avocat n'ont pris connaissance de ce document qui a été remis séance tenante à l'avocat des collègues de Mériane. Etonnés par ce procédé qui s'assimile à une espèce de fait accompli, les animateurs du Cnapest en concertation avec leur défenseur ont décidé d'ajourner l'audience à ce matin, le temps de disséquer la requête. Autre précision, aujourd'hui seul Méziane Mériane est appelé à la barre en sa qualité de coordinateur national du Cnapest puisque ses quatre collègues choisis arbitrairement ont été finalement “blanchis” sans savoir pourquoi ils avaient été cités ni pourquoi ils ne sont plus poursuivis. La deuxième plainte est expressément adressée au Cnapest représentée par son porte-parole. Ce qui est, aux yeux de Méziane Mériane que nous avons joint au téléphone, une “reconnaissance de fait à notre coordination par le même ministère” qui continue quand même à la traiter “de hors la loi”. à propos, M. Mériane accuse justement le ministère du travail de piétiner les lois qu'il a lui-même édictées en termes de législation du travail. En effet, le Cnapest a déposé, le 22 novembre dernier, un nouveau dossier d'agrément qui a pris en considération toutes les remarques signalées par le ministère, notamment les articles 76, 77 et 37 du statut. Mais le département de Tayeb Louh n'a pas jugé utile d'y répondre ni positivement ni négativement. Le ministère agit ainsi en porte-à-faux avec les dispositions de l'article 8 de la législation du travail qui l'oblige à fournir une réponse au Cnapest après seulement 30 jours de la date du dépôt. La date étant largement dépassée, Méziane Mériane dit n'avoir rien reçu du ministère mis à part ce “cadeau de fin d'année” (la plainte de Benbouzid, ndlr), dit-il ironiquement. Le coordinateur du Cnapest ne se fait bien sûr pas d'illusions quant à la volonté des pouvoirs publics de ne pas agréer sa coordination. D'ailleurs, la requête précise bien, entre autres, que le mis en cause “doit arrêter toute activité syndicale au nom du Cnapest”. En réalité, le ministère de l'éducation, qui a eu à vérifier l'ancrage de ce syndicat au sein de la corporation des enseignants, voudrait le mettre hors jeu en lui ôtant la couverture juridique via le refus d'agrément au Cnapest. Mais cette manœuvre ne fait que resserrer les rangs de tous les syndicats qui ont à cœur de défendre les libertés publiques dont celle d'exercer le syndicalisme. Et la mobilisation du CLA derrière le Cnapest pose peut-être les jalons d'une intersyndicale forte et solidaire. H. M.