L'aggravation de la situation sécuritaire en Libye a fortement influé sur les décisions des parties libyennes qui doivent unir leur force pour lutter contre la nébuleuse terroriste du groupe autoproclamé Etat islamique (Daech). Le dialogue inclusif interlibyen, parrainé par l'ONU, est sur le point d'accoucher d'un accord historique, après d'âpres négociations avec les membres du Conseil général national (CGN), le Parlement de Tripoli non reconnu par la communauté internationale. "... Nous avons trouvé ce que nous considérons être un consensus sur les principaux éléments", a déclaré hier l'envoyé spécial des Nations unies, le diplomate espagnol Bernardino Leon qui a eu souvent recours aux menaces de sanctions pour faire avancer les débats. "Les parties libyennes recevront, chacune, le brouillon de l'accord final qui contient six à sept nouveaux points", a-t-il ajouté, lors d'un point de presse à Skhirat, au Maroc. Le nouveau texte a été élaboré avec le consentement des participants au dialogue interlibyen, y compris celui des membres du Parlement de Tobrouk (reconnu) qui a déjà signé un premier texte de l'accord dans la même ville de Skhirat. Les modifications apportées concernent surtout les points liés au Conseil supérieur de l'Etat et à la nomination des cadres supérieurs de la nation, mais apporter de détails, a indiqué l'envoyé spécial de l'ONU en Libye. Pressé par le temps et l'aggravation de la situation sécuritaire en Libye, Bernardino Leon a accordé seulement deux jours supplémentaires aux membres du CGN pour lui proposer les noms des candidats au poste du Premier ministre du futur gouvernement d'union nationale. La formation d'un gouvernement d'union nationale constitue la première phase du dialogue interlibyen, lancé depuis janvier dernier à Genève. Mais il revient au diplomate espagnol de désigner le futur Premier ministre qui aura ainsi la charge de gérer les affaires courantes du pays et préparer avec son équipe les prochaines élections, dans un délai ne dépassant pas un an. La médiation internationale, sous l'égide de l'ONU, s'est donné comme délai pour la signature de l'accord de paix la date du 20 septembre. Le mandat du gouvernement exilé à Tobrouk s'achève fin octobre, ce qui aurait provoqué davantage de blocages et conduit la Libye à une inévitable scission. Cela dit, rien n'est encore gagné pour Bernardino Leon, tout comme pour les Libyens, car il y a d'autres paramètres à prendre en considération, dont l'implantation de Daech en Libye, où il faut également amener les milices à se joindre à l'accord de Skhirat. "Il faudra encore beaucoup de travail mais nous pensons que nous pouvons arriver à un accord (politique) paraphé avant la date butoir du 20 septembre", avant l'Assemblée générale de l'ONU, a, en outre, reconnu l'émissaire de l'ONU. De nombreuses parties, directement impliquées dans la crise libyenne, dont l'Algérie, ont déployé d'importants efforts diplomatiques pour faire aboutir le dialogue politique, considéré comme la seule option au règlement de la crise libyenne. Après l'intervention de l'Otan en 2011, sous-prétexte d'empêcher l'ancien régime de Tripoli de commettre un "génocide" en Libye, le pays s'est retrouvé sans Etat et entre les mains des milices, au nombre dépassant les 1 600, selon des estimations officielles. L.M.