À la veille de l'Aïd, les prix des légumes au détail ont connu une hausse certaine qui a touché, essentiellement, les produits de saison. C'est là le constat fait hier à la suite d'une virée dans les principaux marchés de la capitale. Au marché Clauzel, que nous avons visité hier aux environs de midi, il n'y avait pas d'affluence. Force est de constater aussi que les prix des légumes de saison dépassent tout entendement. À en juger : la courgette et les haricots verts sont proposés à 200 DA, idem pour la laitue, alors que la tomate est affichée à 160 DA, soit presque le double d'il y a une semaine. Le poivron a, lui aussi, pris l'ascenseur, puisqu'il n'est pas cédé à moins de 160 DA. Les navets et les carottes ne dérogent pas à la règle : 100 DA, à l'instar des aubergines, d'ailleurs. Le prix de la pomme de terre oscille entre 60 et 70 DA et celui de l'oignon est à 60 DA. Deux produits qui ne sont pas épargnés par la courbe ascendante. Jusque-là habitués aux augmentations tous azimuts, les ménages le comprendront bien, mais le prix fixé pour l'haricot à égrener — 500 DA — dépasse tout entendement, il frise l'indécence. Seul bémol, les fruits de saison (raisins, pommes et poires) n'ont pas été touchés par cette tendance haussière. Le même décor est planté au marché Ali-Mellah, bien que ce dernier soit plus ou moins bien approvisionné que d'habitude. Les quelques clients qui s'aventurent au milieu des étals vides font un petit tour, et puis s'en vont. Les mains ballantes et bredouilles. "C'est cher !" Le jugement est sur toutes les lèvres. Pour les ménages, cela s'entend, mais exceptionnellement, même les commerçants de détail, d'habitude peu prolixes, se mettent de la partie pour dénoncer cette folie de la mercuriale. Devant son étal, un vendeur qu'on a abordé pour demander des explications ne pouvait rater l'occasion d'expliquer : "L'augmentation est due à l'Aïd. Ce n'est pas tant à cause de la rareté des produits proposés à la vente ou des rares commerces restés ouverts en ce long week-end, mais c'est pareil durant toutes les fêtes." Conséquence : "La vente, elle, se fait au compte-gouttes", a-t-il lancé sans ambages, contrairement à d'habitude où l'on se confie moins au premier venu. Par simple coïncidence, un potentiel client de passage en profite pour crier sa colère, contre les marchands, contre l'absence des agents de contrôle de l'Etat. "Pourtant, ils vont tous faire semblant de respecter la religion, de sacrifier le mouton. Ils n'ont aucune raison d'augmenter les prix de cette façon. Et, où sont les contrôleurs pour faire face à ces commerçants qui n'affichent pas les prix, et qui en profitent à chaque Aïd ?" Telle une rengaine, cette folie de la mercuriale revient, en effet, durant chaque fête religieuse. A. R.