Un démenti cinglant à Madani Mezrag Les changements au DRS sont «un leurre politique». Le président de Taliou El Hourriyet, Ali Benflis, a apporté, hier à Alger, un démenti catégorique quant à son supposé engagement avec l'ex-émir de l'AIS, Madani Mezrag, lui permettant de revenir sur la scène politique. «En juillet 1999 le Parlement a voté une loi portant la concorde civile, suivis d'un référendum sur le même texte. A cette époque, j'étais chargé par la présidence de la République de conduire une délégation de trois personnes, à savoir le défunt général Smaïn Lamari représentant du DRS, le défunt général Fodhil Cherif représentant de l'état-major. La mission confiée à cette délégation qui s'est déplacée à Kaous dans la wilaya de Jijel, fut de rencontrer une délégation conduite par Madani Mezrag. L'objet de la visite et de la mission était d'expliquer le contenu de la loi de la concorde civile. Durant une séance qui a duré deux à trois heures nous avons expliqué la loi, notamment les personnes concernées par son application, la procédure à suivre au niveau des comités d'approbation installés à cet effet au niveau des cours d'appel, les conditions requises pour être éligible à l'application de ladite loi. Il n'était ni de la mission de Benflis ni dans celle des deux généraux qui l'accompagnaient de discuter d'autre chose que de la loi sur la concorde civile», a-t-il commenté en marge de l'installation du secrétariat national de son parti. Sur un autre registre, Ali Benflis a qualifié le communiqué de la présidence de la République expliquant et justifiant trop tardivement des décisions prises près de trois semaines auparavant de «surprenant et péchant par le manque de clarté et de sérieux». S'obstiner à faire passer les changements intervenus dans le haut commandement de l'ANP pour une restructuration alors que tout le monde a pu constater qu'il ne s'agissait que d'un transfert de prérogatives d'un commandement à un autre, relève d ' «un leurre politique dont personne n'est dupe». Présenter ces changements comme s'inscrivant dans le cadre de réformes politiques plus vastes «participe d'une véritable entreprise de mystification, tant chacun sait que l'obsession du régime politique, (...)est dans la survie et qu'il n'a pas l'esprit aux réformes mais à la préservation du statu quo à tout prix», a-t-il souligné. Soutenir contre toutes les évidences que ces changements vont dans le sens de la consécration de l'Etat de droit, «est un outrage à l'intelligence de la part du pouvoir...», estime-t-il. Au sujet du communiqué du vice-ministre de la Défense nationale et chef d'état-major, Gaïd Salah, qui mettait en garde contre les ennemis de l'Algérie à l'intérieur comme à l'extérieur de nos frontières, Benflis indique que «toutes les autocraties sont atteintes de paranoïa(...), voient des ennemis partout alors même qu'elles représentent elles-mêmes le péril sérieux pour l' Etat et la société». Si des ennemis de l'Algérie existent à l'intérieur et à l'extérieur du pays, «le peuple a le droit de connaître leur identité». «Ce genre de mises en garde sont de vains instruments d'une entreprise de diversion et d'intimidation. Ceux qui croient pouvoir encore procéder par la menace, le chantage et la peur se trompent lourdement», a-t-il poursuivi. «Le pays est privé du chef et du centre de décision unique dont il a besoin en ces temps difficiles (...) elle crée un vide que des forces extra- constitutionnelles s'empressent de combler en s'emparant du même coup du centre de décision nationale qu'elles s'emploient à mettre au service d'intérêts particuliers au détriment de l'intérêt général et de l'intérêt national lui-même», a-t-il indiqué. Le début de la campagne d' «épuration politique pour crime de non-allégeance n'est pas le signe d'un pouvoir politique, sûr de lui-même, (...) mais est le signe d'un pouvoir saisi de panique, un pouvoir qui se raidit, un pouvoir qui perd son sang-froid et un pouvoir dans le désarroi». «On doit l'amorce sous nos yeux d' une véritable épuration politique pour crimes de non allégeance à la vacance du pouvoir», a-t-il noté. A propos de la crise économique d'une «exceptionnelle gravité» à laquelle le pays est confronté, celle-ci aurait été «gérée avec autrement plus de diligence, d'efficience et de performance sans la vacance du pouvoir et l'illégitimité des institutions», a-t-il souligné. «Quinze longs mois depuis le déclenchement de cette crise, le pays est toujours dépourvu d'une stratégie anti- crise cohérente, globale, lisible et visible par tous», a-t-il dit. «Le mal profond qui ronge l'économie nationale n'est pas seulement dans le déséquilibre des comptes publics mais aussi dans ces réformes structurelles, ignorées superbement au temps béni de l'opulence financière», a-t-il martelé. «Quel crédit accorder à une loi de finances 2016 qui prétend s'inscrire dans un plan quinquennal de développement 2015-2019 qui n'existe même pas, dont la cadrage économique est pour le moins fantaisiste et prétend parvenir à un taux de croissance de 4,6% qui n'a jamais été atteint même par temps d'opulence financière?», s'est-il interrogé. «Un pouvoir, qui ne maîtrise que l'art de l'achat de la paix sociale, auteur d'un gâchis monumental avec des institutions sans direction, sont-ils en mesure de mobiliser les citoyens autour des exigences de rigueur, d'austérité et de sacrifices auxquelles la crise économique actuelle mènera inéluctablement?», s'est-il encore demandé. La crise de régime conjuguée à une crise économique grave «destinent le pays à aller au-devant de sérieuses incertitudes sociales», prévient-il.