Le titre du long-métrage signé Andrea Di Stefano Paradise Lost (le paradis perdu) peut aisément convenir à la situation du secteur du tourisme à Bouira, précisément au complexe de la station climatique de Tikjda. La wilaya de Bouira est bien gâtée par Dame nature. Des paysages magnifiques, qui n'ont rien à envier à ceux de la Suisse Romande, notamment du côté du lac Agoulmime, ou encore le versant sud du Djurdjura, surplombant le Mont Tikjda. Cependant, cette richesse ne suffit pas quand il faut fructifier ce don. L'Etat a certes mis en place des zones d'extension touristique (ZET), dans le but de redynamiser ce secteur, mais il est à la traîne. Des complexes touristiques ont été construits, dont celui de Tikjda, mais sans résultats concrets. En effet, le Centre national des sports et loisirs de Tikjda (CNSLT), construit dans les années 70, a beaucoup perdu de son lustre d'antan et s'est transformé au fil des années en une sorte de club de vacances... sans vacanciers. Les rares touristes qui visitent les cimes du mont Tikjda, culminant à 1478 m d'altitude, préfèrent dresser des campements à côté du complexe. "Je viens ici pour me relaxer et admirer la nature et non pour siroter un jus à 200 DA !", dira Madjid, un sexagénaire. Avant d'ajouter sur un ton ironique, "le CNSLT c'est bon pour les bourgeois d'Alger, et puis, c'est une coquille vide ! C'est la culture du paraître qui y prédomine". Ce constat est facilement vérifiable. Hiver comme été, le complexe est vide, hormis le réveillon de fin d'année ou bien quand une délégation sportive vient "s'oxygéner. Le reste du temps, ce complexe qui comporte un hôtel d'une capacité d'accueil estimée à 450 lits et équipé de toutes les commodités est quasiment désert. Question : Pourquoi ce "désamour" des touristes ? Parce que rien n'est fait pour attirer la clientèle. Une qualité de prestation "très en deçà" des attentes, une communication inexistante et surtout une certaine "distance" vis-à-vis du simple touriste. Attitude qui n'est pas observée quand il s'agit de délégations officielles ou de sportifs. Un traitement différencié qui a poussé des familles pourtant habituées des lieux à bouder le complexe. Y compris des agences de tourisme contraintes de proposer d'autres destinations à leur clientèle. "Nous avons d'autres destinations à proposer à nos clients, et de meilleure qualité", nous a affirmé la réceptionniste d'une agence de voyage de Bouira. Le Centre national des sports et loisirs de Tikjda doit revoir sa stratégie et a tout intérêt à s'ouvrir à une clientèle plus vaste. D'ailleurs, le ministre du Tourisme, M. Amar Ghoul, a, à travers ses nombreuses déclarations, mis l'accent sur le tourisme interne, qui ne peut se faire sans une réelle stratégie d'ouverture sur la clientèle. R. B.