La tension monte entre le Congrès général national (CGN, Parlement non-reconnu de Tripoli) et l'émissaire des Nations unies en Libye, Bernardino Leon, qui a menacé, jeudi soir, d'user d'autres moyens que les sanctions diplomatiques contre "ceux qui rejettent le gouvernement d'union nationale", ont rapporté les médias libyens et italiens. "La communauté internationale ne se contentera pas de sanctions à l'encontre de ceux qui rejettent le gouvernement d'union nationale", a déclaré Bernardino Leon, jeudi soir à Rome, à l'issue d'une rencontre avec le ministre italien Paolo Gentiloni, ajoutant que ledit gouvernement est une proposition qui "ne se négocie pas. Ceux qui ne l'acceptent pas ne seront plus reconnus de la part de la communauté internationale qui agira avec eux au-delà des sanctions" diplomatiques et économiques. C'est la première fois que Bernardino Leon agit de la sorte envers le CGN qui a refusé de donner les noms des personnalités politiques qui devraient faire partie du futur gouvernement d'union nationale en Libye, afin d'achever le processus de transition dans ce pays et lutter contre l'expansion inquiétante de l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (Daech). Mais le CGN, sous le contrôle de la coalition islamiste Fajr Libya, affirme avoir été leurré par la médiation internationale, parrainée par l'ONU. Selon Aoudh al-Madjbari, un des représentants du CGN aux discussions de Skhirat (Maroc), où l'accord de paix avait été signé au début du mois d'octobre, Bernardino Leon a refusé d'apporter les "rectificatifs" demandés par le gouvernement non-reconnu de Tripoli. "C'est pour cette raison que nous refusons de fournir la liste des personnalités politiques qui devront participer à la formation du gouvernement d'union nationale", a-t-il expliqué, accusant l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU en Libye d'avoir proposé une liste contenant des personnes issues d'une seule mouvance. Outre le CGN, des représentants du Parlement élu et du gouvernement reconnu, exilés à Tobrouk, ont rejeté, eux aussi, la liste proposée par Bernardino Leon, repoussant ainsi l'annonce de la formation de ce gouvernement d'union à la semaine prochaine, ce qui joue contre le retour de la paix et la stabilité dans une Libye menacée par la disparition, quatre ans après la chute de l'ancien régime de Mouammar el-Kadhafi, fin 2011. L. M.