Selon des sources sécuritaires, le groupe de djihadistes débusqué dans un appartement "conspiratif" dans le quartier de Saint-Denis préparait une nouvelle attaque. Le Premier ministre, Manuel Valls, avait prévenu. "Le terrorisme peut frapper de nouveau dans les prochains jours", avait-il dit au lendemain des attaques de vendredi dernier. Hier, les événements de Saint-Denis, à une vingtaine de minutes de marche du Stade de France, dans le nord de Paris, ont confirmé ses appréhensions. Les forces de sécurité ont débusqué dans un appartement un groupe terroriste qui aurait des liens avec les derniers attentats et serait soupçonné surtout de préparer une nouvelle attaque. Selon des informations recueillies par l'agence Reuters, les djihadistes projetaient de s'attaquer au quartier d'affaires de la Défense. Les renseignements sur cette opération programmée ont été obtenus auprès des services de renseignements antiterroristes français et étrangers. Il s'agirait d'une "nouvelle équipe". L'échange de tirs nourris avec les contingents du Raid montre que les terroristes retranchés dans l'appartement étaient lourdement armés. Une femme, qui faisait partie du groupe — elle serait la cousine de Abdelhamid Abaaoud, soupçonné d'être le commanditaire des opérations terroristes de vendredi dernier — s'est d'ailleurs donné la mort en faisant actionner son gilet explosif. L'assaut donné à l'aube a abouti à l'arrestation de sept individus dont le propriétaire des lieux, interpellé en pleine rue. Ce dernier (déjà condamné dans une affaire de meurtre) a affirmé à des journalistes peu avant son arrestation qu'il ignorait tout de l'identité des occupants et qu'il aurait juste "rendu service à un ami" qui lui aurait demandé de les héberger. Le propriétaire du pavillon de Bobigny loué pendant une semaine à Brahim Abdeslam, un des kamikazes du Bataclan, et à ses complices, a décrit, quant à lui, des jeunes "bien sous tous rapports". Les policiers ont découvert une troisième planque à Alforville, dans le Val-de-Marne, où le second frère Abdeslam, actuellement en fuite, a loué deux chambres dans un appartement-hôtel. Il reste à connaître maintenant les liens entre les auteurs des attaques de vendredi dernier et le groupe débusqué hier. Des informations avaient vite circulé sur la présence probable d'Abdelhamid Abaaoud. "Les investigations ont permis depuis vendredi d'obtenir par la téléphonie, la surveillance et des témoignages des éléments qui pouvaient laisser penser que le nommé Abaaoud était susceptible de se trouver dans un appartement conspiratif à Saint-Denis", a précisé M. Molins, procureur de la République. Hier soir, ce dernier a indiqué que le cerveau présumé des attentats de Paris, Abdehamid Abaaoud, ne figurait pas parmi les huit personnes arrêtées lors de cet assaut, mais il n'était pas en mesure de communiquer ni le nombre ni les identités des personnes décédées. Jusque-là, le Belge qui est apparu sur un film de propagande tractant des cadavres pour Daech, était supposé se trouver en Syrie. Une chose est sûre, le danger est loin d'être écarté à Paris. François Hollande a encore répété hier que son pays "est dans une guerre". Dans une allocution prononcée devant le congrès des maires de France, à la fin de l'assaut de Saint-Denis, le président de la République a décrit "une opération lourde et périlleuse" et a tenu à saluer les éléments du Raid en affirmant que "la France est fière de disposer de forces de sécurité de qualité". Hollande a également annoncé que, dorénavant, les agents de police municipale seront équipés d'armes de la police nationale. S. L.-K.