Pour lui, ce procès, outre qu'il jette l'opprobre sur l'homme, sa famille et l'institution qu'il avait dirigée, ne serait qu'un alibi pour liquider le général Hassan, victime collatérale de la guerre des clans. C'est un véritable pavé dans la mare que vient de jeter l'ancien ministre de la Défense, le général Khaled Nezzar, en commentant le verdict dans l'affaire du général Hassan, ancien patron de la lutte antiterroriste au sein du DRS. Dans une tribune publiée dans Algérie Patriotique, l'ex-membre du HCE (Haut-Comité d'Etat) n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour dénoncer la sentence prononcée contre le général Hassan, qu'il affirme ne pas connaître, avant de déduire qu'il s'agit là d'un règlement de comptes entre clans. "Je ne connais pas personnellement le général Hassan, chargé de la cellule de renseignement et de l'antiterrorisme au niveau du DRS (...) mais à l'énoncé du verdict prononcé par le tribunal militaire d'Oran, je suis surpris par la sévérité de ce jugement qui efface d'un trait toute une carrière d'un homme qui a voué sa vie au service de la nation. C'est une condamnation criminelle et infamante qui jette l'opprobre sur le général Abdelkader Aït Ouarabi (dit Hassan) et sa famille", dénonce l'ancien ministre de la Défense. Ce dernier a rappelé qu'il s'était abstenu de faire des déclarations publiques pendant l'instruction pour ne pas "la perturber", mais en sa qualité d'ancien chef d'état-major de l'ANP, il estime que "les délits, qualifiés ‘d'infraction aux consignes générales de l'armée', n'auraient jamais dû relever du domaine pénal ; ils devaient se limiter à l'aspect disciplinaire". Et de rappeler que l'article sur la base duquel il est aujourd'hui condamné était "contesté au sein de la commission ad hoc qui a eu à l'élaborer, en raison de son imprécision". Khaled Nezzar justifie aussi sa sortie par les incessantes attaques contre l'institution militaire. "Comment ne pas réagir, alors que l'on voue aux gémonies un corps qui a consacré sa vie à la sauvegarde des institutions de la République et, plus particulièrement, celle de l'institution présidentielle et à sa tête le président de la République, pendant plus de 50 ans ?", se demande-t-il . Puis de revenir sur la question du départ à la retraite des officiers supérieurs en cherchant à faire comprendre qu'une mise à la retraite devrait être perçue comme quelque chose de "tout à fait normal". Le général Khaled Nezzar met en relief dans son intervention le contexte politique dans lequel ce procès est intervenu. "Il est curieux que ce procès intervienne à ce moment précis où des turbulences sont constatées au plus haut sommet de l'Etat — la maladie du Président, la course effrénée pour le pouvoir, la lutte des clans et j'en passe", écrit-il en interpellant "le plus haut magistrat du pays" pour mettre un terme à cette situation. "Pour le bien de tous et la stabilité de la nation", soutient-il. L'homme fort de la "Grande muette" dans les années quatre-vingt-dix se pose enfin la question de savoir, "en cette période d'incertitude" si le procès du général Hassan qu'il qualifie au passage de "mascarade" ne serait pas finalement qu'un alibi aux "commandeurs" de l'affaire. On apprendra aussi dans la tribune du général Nezzar que le général Toufik avait, à travers une correspondance adressée au président de la République, expliqué les tenants et les aboutissants de cette affaire en "assumant l'entière responsabilité". Une correspondance restée sans réponse à ce jour, conclut le général Khaled Nezzar. Synthèse O. O.