Le député du Parti des travailleurs, Djeloul Djoudi, et néanmoins membre de la commission des finances de l'Assemblée populaire nationale (APN), a livré un témoignage pour le moins accablant, hier, à Alger, lors d'une conférence de presse animée par la SG du PT, Louisa Hanoune. Les faits remontent à jeudi, tard dans la nuit, lorsque des membres de ladite commission, issus particulièrement du FLN, subissaient de fortes pressions, pour la réintroduction de l'article 71 du projet de la loi de finances 2016. Un article pourtant abrogé par la commission des finances de l'APN et qui stipule que "des décrets d'ajustements peuvent être pris sur le rapport du ministre chargé des Finances, en cours d'année, pour prendre en charge, par le gel ou l'annulation de crédits destinés à la couverture de dépenses, une situation d'ajustement nécessaire en cas de détérioration des équilibres généraux". Une mesure qui, aux yeux de Louisa Hanoune, vise à accaparer surtout les prérogatives du président de la République. Et comme pour apporter de l'argument au témoignage de son député, la SG du PT a affirmé que le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhelfa, s'est attardé, ce jour-là, dans les locaux de l'APN, pour opérer un forcing. Il n'était pas le seul d'ailleurs, puisqu'en reprenant la parole, Djeloul Djoudi a affirmé que des personnes externes à cette institution de la République s'affairaient à donner des ordres, exerçant un chantage "infâme" à ceux qui s'opposaient à la réintroduction de cet article. "Tous les moyens de pression ont été exercés. Ils ont même tenté de corrompre des membres de la commission. Je citerai un député à qui ils ont proposé un poste de consul à l'étranger", a-t-il dénoncé. Ce n'est pas tout, puisque le même témoin affirme que dans cette même nuit de jeudi à vendredi, le chef du groupe parlementaire du FLN, Mohamed Djemai, s'est substitué au président de la commission, alors qu'il n'y siège même pas. "Il était 3h25 du matin, lorsque fatigués et lassés après une journée et une nuit de bataille, nous nous sommes retirés pour nous reposer. Mohamed Djemai s'est alors imposé en président de la commission et des membres externes à la commission ont voté la réintroduction de l'article 71", a-t-il témoigné. Des procédés que Louisa Hanoune a qualifiés d'"illégaux" et "dignes des pratiques des gangsters et des bandits de grand chemin". À travers la réintroduction de cet article, Louisa Hanoune redoute "une programmation de la dissolution de toutes les institutions de l'Etat pour les mettre au service de l'oligarchie". Une oligarchie, espèce de "pouvoir parallèle", soutenue, selon elle, à l'extérieur et à l'intérieur des institutions de l'Etat. Elle ne manquera, pas d'ailleurs, d'évoquer l'exemple du ministre de l'Industrie, Abdesselam Bouchouareb, qui, pour elle, il est avéré aujourd'hui qu'"il sert les intérêts de la France plutôt que ceux de l'Algérie". Et quelle meilleure preuve, aux yeux de Louisa Hanoune, que la remise en cause du droit de préemption de l'Etat, introduite d'abord dans le projet de loi de finances 2016, puis dans le code des investissements soigneusement élaboré par le même ministre et fortement décrié par l'opposition. Une raison pour laquelle la SG du PT a tenu à lancer un appel aux députés de toutes les formations politiques siégeant à l'APN, y compris ceux du FLN : "Ne légalisez pas le vol. Ne légalisez pas le gangstérisme. Ne légalisez pas la dissolution de l'Etat. Ne légalisez pas la mort du pays." M. M