Résumé : Après une bonne nuit de sommeil, Nawel se réveille en forme et se rend à la rédaction. Nabil veut la revoir, mais son boulot au journal l'attend. Au bureau, elle retrouve un peu son monde. Mohamed vient la saluer puis tourne les talons. Nawel se dit que cet homme est bien gentil mais a un tempérament un peu bizarre. Elle secoue la tête. Ce type l'intrigue. Il est la cheville ouvrière de la rédaction, mais parfois a des comportements biscornus. La veille, en plein briefing, il avait pris son portable pour demander à sa femme de lui préparer un plat dont il raffolait et qu'il voulait manger au dîner. Elle sourit en se rappelant la scène et l'hilarité qui avait suivi. Elle tourne une page, puis une autre. L'article qui était sous ses yeux parlait de certains sites historiques abandonnés et qui pourraient être restaurés et pris sérieusement en charge. On ne devrait pas ignorer ces richesses culturelles qui faisaient partie du patrimoine du pays. Un entretien avec un archéologue suivait. Le travail était parfaitement synchronisé. Elle regarde au bas de la page et remarque une signature. C'était celle d'un jeune reporter. "Il aura de l'avenir ce gosse", se dit-elle. Elle allume son ordinateur et retrouve tous les articles du jour. Elle donne son accord pour la publication de ceux qu'elle venait de superviser et fait le partage afin de permettre aux responsable de la PAO de programmer la maquette. Elle allait se lever lorsque Mohamed revient avec un plateau qu'il dépose devant elle : -Qu'est-ce que c'est ? -Ton déjeuner, pardi ! J'ai pris la liberté de choisir le menu. Il soulève le papier aluminium qui couvrait le plateau et propose : -Hors-d'œuvre varié, steak garni et banane. Je vais chercher une bouteille d'eau minérale. Sans lui laisser le temps de placer un mot, il sort du bureau pour revenir avec de l'eau et même une jolie rose blanche qu'il lui tend : -Pour ouvrir l'appétit. Nawel prend la rose d'un air hébété : -Je ne sais pas quoi te dire Mohamed. Je ne trouve pas les mots pour te remercier. Mais je t'assure qu'il ne fallait pas. -Mais si, il le fallait. On doit se nourrir pour avoir un meilleur rendement. Bon appétit. Il quitte les lieux aussi promptement qu'il était rentré, et Nawel le suit des yeux, puis jette un coup d'œil au plateau du déjeuner. Elle hume l'odeur de la viande et prend une fourchette pour piquer dans le hors-d'œuvre. L'après-midi tirait à sa fin. Les chefs de rubrique se bousculaient dans les couloirs, et les agents de saisie, dépassés comme toujours par le flux des articles, n'arrêtaient pas de s'interpeller tout en pianotant sur leurs claviers. Nawel venait de signer ses pages et s'apprêtait à rejoindre Mohamed pour un dernier coup d'œil à la maquette. Tout comme la veille, elle n'avait pas senti le temps passer. Et tout comme la veille, elle n'avait pas envie de rentrer à la maison tout de suite. Elle voulait dîner dehors ! Elle se surprend à souhaiter que Nabil l'appelle pour l'inviter ! -À quoi penses-tu Nawel ? Elle relève la tête et rencontre le regard de Mohamed. Elle sourit pour camoufler son embarras et répondit : -Je pensais à notre fameuse maquette. -Pourquoi ? Tu as relevé quelque chose ? -Moi ? Non. Non je n'ai rien relevé. Je voulais juste changer l'emplacement de la grande photo de la une. Elle est un peu sur le côté par rapport à la légende. Ne trouves-tu pas ? Il penche un peu la tête devant l'écran et acquiesce. -Tu as raison. Elle est un peu "retirée". Attends ! On devrait rajouter une petite marge sur la droite (il tape sur quelques touches de son clavier). Voilà ! Qu'en penses-tu ? Elle contemple l'image puis fait défiler toute la page avant de revenir à la photo : -Elle est très bien ainsi. On ne devrait plus toucher. -Alors, nous n'avons plus qu'à laisser le soin aux gens du métier. Notre tâche est terminée pour la journée. Il faisait déjà nuit lorsqu'elle se met au volant et quitte le parking. Elle avait allumé la radio pour écouter les dernières informations, et comme pour évacuer son stress, elle avait augmenté le volume du son. À ce moment-là, son mobile s'est mis à sonner, mais elle ne pouvait l'entendre. (À suivre) Y. H.