Résumé : La journée passe trop vite pour Nawel. Elle avait travaillé sans relâche, donné quelques conseils aux nouvelles recrues et vérifié la maquette une dernière fois, avant de se rendre dans son bureau pour rappeler Nabil. Ce dernier l'invite à dîner. Elle hésite, puis accepte, mais arrive au restaurant avec quelques minutes de retard. Elle rit : -C'est vrai. C'était une omission de ma part. Mais j'ai rectifié le tir. Il semblait heureux de la revoir et la complémente sur sa tenue : -Tu es ravissante dans ce tailleur Nawel. Je ne te voyais qu'en jeans ou jogging et cela change tout aujourd'hui. -Voyons, je ne vais pas me rendre à la plage en tailleur ! -Je sais. Mais je te trouve magnifique en classique. J'aime les femmes élégantes et charmantes comme toi. Elle rougit, et il tire une chaise devant elle pour l'aider à s'asseoir : -Mets-toi à l'aise. Veux-tu un café en attendant la commande ? -Oui. Un café léger. Elle se rappelle qu'elle n'avait rien avalé de la journée, hormis son petit-déjeuner pris à la va-vite, il y a plus de dix heures. -Tu n'as pas déjeuné, je présume. -Non. Comment l'as-tu deviné ? -Je le reconnais à ton air un peu pâle. Tu étais prise dans l'engrenage de ton boulot, et tu as oublié ton estomac. Cela doit t'arriver souvent, sinon la faim t'aurait torturée et tu te serais vue dans l'obligation de t'arrêter pour avaler quelque chose. Elle soupire : -Oui. Je ne pense pas souvent à me nourrir. Parfois par dépit, parfois pour maintenir ma ligne. -Ta ligne ? Mais tu as une taille de guêpe ! - Je me trouve un peu grassouillette et cela risque de s'aggraver. -Eh bien ma chère amie, je ne vois pas pourquoi tu te prives de manger, alors que ton cerveau travaille à mille à l'heure et a besoin d'énergie. -Si je me mettais à me goinfrer, je deviendrais boulimique. -Mais non ! La boulimie est une affection psychique. -Tu oublies que j'ai frôlé une dépression. -Certes, mais ta force de caractère est bien plus forte que ce mal. Sinon, tu ne t'en serai pas sortie. -C'est ce que m'avait certifié mon psy. Il ouvrit les mains : -Alors ! Où veux-tu en venir ? -Je n'aimerais pas grossir. Voilà tout. Il secoue la tête : -Il faut équilibrer ton régime alimentaire. Tu risques d'attraper de vilaines maladies dues à la malnutrition. Ton régime, tu peux le reléguer aux calendes grecques. C'est ce que tu avais fait la dernière fois sur la plage. Elle se rappelle avoir mangé le sandwich et les fruits sans rechigner. Etait-ce la présence de cet homme près d'elle qui l'avait rassurée et ouvert l'appétit ? On venait de lui servir son café, et elle se met à le siroter à petites gorgées. Nabil lisait le menu : -Je ne sais pas ce que tu préfères le plus : la viande ou le poisson. -Le poisson. Toutefois s'il est frais. -Ils servent du frais dans ce restaurant. Il lui tendit le menu : -Moi j'ai opté pour une soupe et un plat de poissons variés. Tu n'as qu'à choisir de ton côté ce que tu veux manger. Elle jette un coup d'œil hâtif au menu, puis le referme et lance : -Je n'ai pas de préférence, je prends la même chose que toi. Ils commandèrent leur dîner et discutèrent de tout et de rien. Au dessert, Nawel commence à s'agiter. Il se faisait tard et la fatigue se faisait ressentir, de même qu'un petit spasme au fond de son ventre. Elle reconnaît les prémices d'une crise d'angoisse et repousse son assiette : -Je crois qu'il est temps de rentrer Nabil. -Tu n'as pas terminé ton dessert. -J'ai assez mangé pour ce soir. Je n'ai plus faim. (À suivre) Y. H.