On a deux façons de vivre l'année économique 2016. Cela dépend de vers où on regarde. Vers le passé ? Vers l'avenir ? Avec les yeux du passé, l'année 2016 sera éprouvante, angoissante. On aura encore les yeux rivés sur le prix du baril de pétrole, en regardant, tétanisés, nos réserves de change fondre d'environ chaque jour de 80 millions de dollars. Avec les yeux du futur, l'année 2016 sera passionnante et motivante. Ce sera celle où nous commencerons à construire l'économie de demain. Nous ne perdrons pas de temps à nous attarder sur des analyses sur la conjoncture pétrolière mondiale. Nous serons trop occupés à agir sur le terrain, chez nous, pour changer la donne. Une série d'actions résolues peuvent lancer le bon message, à l'effet qu'on n'est plus en économie de rente en tentative de survie, mais que l'on construit une économie de création de richesses. Des exemples ? En matière de transparence et publication sur internet, certaines choses sont simples, paraissent anodines, mais sont essentielles pour construire l'avenir. 1. Mise en ligne de la base de données des états financiers des entreprises déposés annuellement au CNRC pour publication : c'est la matière première de nos marchés financiers que nous n'aurons pas le choix de développer. 2. Publication sur internet des transactions foncières et immobilières (pour lesquelles un droit de publication de 1% est perçu par les Domaines, mais que ce soit publié nulle part) : C'est un outil essentiel pour avoir des évaluations immobilières crédibles, connaître les valeurs sur lesquelles une grande partie du crédit bancaire est assis, fluidifier le marché immobilier et surtout pouvoir mettre en place une véritable fiscalité foncière pour remplacer la TAP comme mode de financement soutenable des collectivités locales. 3. Publication des projets de lois sur internet dès qu'ils sont déposés à l'APN pour débat. 4. Publication de tous les appels d'offres et cahiers des charges sur un portail internet ouvert et accessible à tous sans frais. Cela fait quatre résolutions, simples, abordables qui, si elles sont réalisées, passeront le message que l'on construit l'avenir économique de notre pays. Le portrait économique pour 2016 ? Avec les données que l'on a en ce début d'année, la situation est la suivante. Au niveau budgétaire, il nous faut un baril de pétrole de l'ordre 108 USD pour payer les dépenses prévues. Notre épargne budgétaire (le Fonds de régulation des recettes) sera en grande partie consommée cette année. En 2017, nous n'aurons plus d'épargne budgétaire, nous ne pourrons plus avoir le même niveaux de dépense sans revoir fondamentalement nos équilibres et choix budgétaires. La priorité est donc de préparer les outils pour faire face aux budgets 2017 et suivants. Au niveau des recettes fiscales, nous avons peu de marge de manœuvre, à court terme. Il n'y a pas de gisement fiscal important à aller chercher si nous n'élargissons pas l'assiette fiscale. Et élargir l'assiette fiscale, c'est d'abord remettre dans la partie de l'informel qui représente de gros volume d'affaires : la distribution. Cela passe nécessairement par l'abolition de la TAP comme pourcentage du chiffre d'affaires. Elargir l'assiette fiscale, c'est aussi créer les conditions pour que les entreprises se développent, créent des richesses qui constitueront les gisements fiscaux de demain. Pour les dépenses budgétaires, on a de grands défis à relever et des équations difficiles à résoudre. Il y a d'abord un travail important à faire pour développer des alternatives aux systèmes de subvention qui ne pourront plus être supportés. Ce travail doit être fait au plus vite. Ensuite, il faut évidemment une rupture en terme de transparence, redevabilité, de rapport entre l'Etat et le citoyen, et un certain niveau d'adhésion au nouveau "deal social" pour pouvoir mettre en place un système de redistribution plus juste, plus équitable et plus efficace. L'urgence pour 2016, c'est justement cela. Nabni publiait, il y a deux ans, le manifeste DROITS pour un Etat Détaché de la rente, Redevable, Ouvert, Inclusif, Transparent et Stratège. C'est toujours d'actualité. Mais évidemment, le plus urgent et crucial, c'est de l'action sur notre environnement des affaires. Et nous avons besoin d'avancées importantes et concrètes cette année. La mise en place de zones franches industrielles d'exportation, avec une administration de classe mondiale indépendante, fait partie de ce que nous pouvons réaliser rapidement et qui pourra donner des résultats perceptibles dans les prochaines années. Il faut que l'on montre que c'est possible de produire de façon compétitive dans notre pays. Ces zones franches seraient les expériences pilotes qui nous permettrons de réformer notre administration. C'est ce qu'a fait la Chine ainsi que beaucoup d'autres pays émergeants. Notre système financier et marchés financiers ont besoin aussi d'un bond rapide. Au niveau bancaire, un objectif de quatre nouvelles banques d'ici la fin de l'année pour augmenter la concurrence serait un bon objectif à se donner. Nos marchés financiers ont besoin de se développer vite pour répondre aux besoins de croissance de nos entreprises. On peut donner comme objectif d'harmoniser le fonctionnement de nos institutions avec celle de la place boursière développées pour pouvoir faire des "double-listing" Alger-Londres, Alger-Paris dans un an. L. K. Expert financier et PDG d'Humilis
Bonnes nouvelles Introduction de la téléphonie mobile de la 4 G Mise en œuvre du crédit à la consommation pour les produits fabriqués localement : électroménager, produits électroniques, ameublement, véhicules Symbol Remise des clefs des premiers logements AADL (programme de 50 000 logements au bénéfice des postulants 2001- 2002) et LPP. Mauvaises nouvelles Détérioration de la situation financière de l'Algérie : déficit de la balance des paiements, fonte des réserves de change et du fonds de régulation. Difficultés plus grandes à financer les dépenses de l'Etat. Dévaluation du dinar qui entraîne une augmentation des prix des produits de large consommation Augmentation des prix des carburants et de l'électricité qui risque d'avoir des effets sur les prix d'autres produits : transport, eau, fruits et légumes. Augmentation des prix des véhicules. Augmentation du chômage, due au gel des projets d'investissements publics et des recrutements dans la fonction publique.