Au fur et à mesure que la date des négociations entre le régime syrien et l'opposition approche, la situation évolue très rapidement en Syrie. Il faut croire que les choses ont totalement changé depuis que la Russie à décidé de s'impliquer dans ce conflit à la fin du mois de septembre. Les frappes aériennes russes ont totalement modifié la donne sur le terrain, et le régime de Bachar al-Assad n'est plus en position de faiblesse comme l'atteste le terrain gagé par son armée ces dernières semaines. Pas plus loin qu'hier, l'armée syrienne a pénétré dans la localité de Salma, principal bastion rebelle dans la région montagneuse de Lattaquié, a-t-on rapporté de sources concordantes. Quant à l'opposition, toutes factions confondues, elle est plus divisée que jamais, comme cela a été démontré par la rencontre organisée à Riyad par l'Arabie Saoudite dans le but de l'unifier. Si cette réunion a réussi à rallier en plus de la Coalition, de nouveaux acteurs syriens, dont l'Instance de Coordination Nationale, une coalition de l'opposition de l'intérieur ainsi qu'une dizaine de personnalités et de milices armées, elle a échoué à attirer le célèbre opposant syrien Haytham al-Mannaa. Il a refusé de participer à la rencontre, en accusant les organisateurs de soutenir aussi bien les opposants honnêtes que les milices terroristes. Ceci étant, Moscou, qui accueille les prochaines négociations, a estimé que la rencontre de Riyad est aussi le fruit d'un compromis entre l'Arabie Saoudite et la Turquie, pour se partager l'opposition syrienne. Par ailleurs, le coordonnateur général de l'opposition syrienne Riad Hijab a averti, lundi, que celle-ci ne pourra pas engager de négociations avec le régime syrien tant que des "forces étrangères" bombardent la Syrie, faisant allusion à un raid de l'aviation russe. Pour en revenir à la situation sur le terrain, l'on notera qu'outre l'exode massif des Syriens, la famine touche de plein fouet certaines villes assiégées, soit par l'armée syrienne, Daech, où les autres milices de l'opposition. La situation est devenue si inquiétante que le Conseil de sécurité des Nations unies a évoqué, lors de sa dernière réunion, la question des localités syriennes assiégées après les informations selon lesquelles des dizaines de milliers de civils y sont piégés depuis des mois et meurent de faim. Ce n'est que lundi que des camions apportant une aide humanitaire sont entrés dans trois zones syriennes assiégées, dont la ville de Madaya, près de la frontière libanaise, dans le cadre d'un accord entre belligérants pour acheminer des vivres et des fournitures médicales dans plusieurs zones encerclées. Au vu de ces développements, il est peu probable que les négociations de Moscou soient couronnées de succès. Merzak Tigrine