Les droits des travailleurs sont en danger et les libertés syndicales sont menacées en Algérie. C'est l'amer constat fait par trois syndicats autonomes, dans une requête adressée au Bureau international du travail (BIT), basé à Genève (Suisse). Ainsi, dans une déclaration rendue publique, le Syndicat national autonome des travailleurs de l'électricité et du gaz (Snateg), le Syndicat national autonome des postiers (Snap) et le Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap), disent subir "des pressions" de la part de l'Etat et indiquent que le ministère du Travail "reste muet" face à leurs nombreuses plaintes. "Nous sommes des syndicats qui subissent de fortes pressions et une oppression de la part du gouvernement algérien", accusent-ils en précisant que plusieurs syndicalistes sont "injustement et arbitrairement" poursuivis en justice. Les auteurs du document soulignent que ces griefs constituent "une violation flagrante de l'accord international n°135, portant sur la protection des droits syndicaux, notamment les articles 2, 3, 4 et 5". Pour étayer leurs accusations, les trois syndicats citent les exemples de trois délégués du Snateg, récemment condamnés à de fortes amendes. Les syndicats accusent également le gouvernement "d'avoir violé explicitement la charte de l'Organisation internationale du travail". "L'Etat a explicitement fait fi des recommandations du comité d'experts de l'Organisation internationale du travail, qui avait recommandé à l'Algérie, lors de la session de juin 2015, de réintégrer tous les travailleurs licenciés en application de la convention n°87 relative au droit syndical", arguent-ils en appelant le BIT à "intervenir rapidement", afin de faire respecter ladite charte. Dans le même ordre d'idée, ces syndicats autonomes dénoncent ce qu'ils qualifient d'acharnement, voire de "harcèlement" de la part du pouvoir afin de "faire taire les syndicats". "Nous exhortons le gouvernement à respecter la loi 90-14 et sa section relative au droit syndical", écrivent-ils. Cette plainte auprès de la plus haute instance du travail constitue un véritable camouflet pour le gouvernement, qui ne cesse de marteler que les libertés syndicales en Algérie sont "optimales et garanties par la Constitution". Cette sortie médiatique intervient dans un contexte assez particulier où la nouvelle Constitution est présentée comme "un modèle" en matière de libertés individuelles et syndicales. RAMDANE BOURAHLA