L'adoption, ce dimanche, de la révision constitutionnelle devrait ouvrir une nouvelle ère, du moins sur le plan formel. Même si rien ne l'oblige, le président Bouteflika pourrait procéder à la désignation d'un nouveau gouvernement, "après consultation de la majorité parlementaire". La Constitution révisée prévoit, en effet, que le chef de l'Etat désigne le Premier ministre, après avoir consulté la majorité parlementaire. Mais elle n'oblige pas l'actuel Premier ministre à soumettre la démission de son gouvernement. Toutefois, les usages voudraient que l'actuel Exécutif démissionne afin de permettre au président de la République de désigner un gouvernement en phase avec les nouvelles donnes. Une démission qui pourrait n'être qu'une simple formalité, pour sauver les apparences et donner l'impression que quelque chose aurait changé, puisque le chef de l'Etat pourrait reconduire le Premier ministre et même la majorité de son équipe. C'est, d'ailleurs, le scénario le plus plausible, dans la mesure où Abdelmalek Sellal fait convenablement ce qu'on lui demande et, qui plus est, fait partie du FLN, dont le patron n'a eu de cesse de réclamer le droit de son parti, majoritaire au Parlement, que le Premier ministre soit issu de ses rangs. Même si l'on murmure, çà et là, que M. Sellal serait fatigué, après plusieurs années à la tête du gouvernement, et qu'il aimerait bien prendre un peu de repos. Pourquoi pas à la tête d'une ambassade, histoire de se refaire une santé. Il est vrai que le FLN n'a été entendu qu'à moitié, puisque le chef de l'Etat est tenu de consulter la majorité et, par voie de conséquence, rien ne l'oblige à désigner une personnalité indépendante, voire appartenant à un autre parti politique. Mais, au regard de la situation actuelle et des rapports de force au sommet, on ne peut qu'admettre que l'on se dirige vers "un changement dans la continuité", pour reprendre un slogan cher au FLN. Donc, sauf surprise de dernière minute, Abdelmalek Sellal devrait être reconduit à la tête de l'Exécutif. Mais l'on s'attend à ce que le gouvernement post-révision constitutionnelle subisse quelques changements. Outre les départs de quelques membres qui ne s'entendent pas avec le Premier ministre, il est attendu surtout que des départements ministériels soient regroupés afin de donner plus de cohésion et davantage d'efficacité au staff gouvernemental en ces temps de crise financière aiguë. En somme, l'on se dirigerait vers un énième remaniement ministériel. Mais le président Bouteflika pourrait accepter la démission du gouvernement Sellal, et désigner un nouveau Premier ministre, pas forcément issu du FLN, pour former un véritable gouvernement de crise. Tout comme il pourrait se passer, tout bonnement, de la formalité de démission-reconduction du gouvernement Sellal, en maintenant le statu quo, jusqu'à nouvel ordre. En tout état de cause, le gouvernement post-révision constitutionnelle aura à présenter, devant le Parlement, son programme d'action, et c'est là qu'on verra ce qui va réellement changer. Azzeddine Bensouiah