Au cours d'une conférence qui s'est déroulée, hier, au siège du journal El Joumhouria d'Oran, à l'occasion de la commémoration des essais nucléaires français en Algérie, Fatma-Zohra Benbraham, avocate du barreau d'Alger, et le Dr Kadhem Laboudi, physicien et enseignant à l'université d'Oran, ont fait un point de situation sur l'évolution du dossier, 56 ans après l'opération Gerboise bleue du 13 février 1960 qui sera suivie par 16 autres explosions jusqu'en 1966. "Selon les documents en notre possession, environ 40 000 Algériens auraient été touchés par les effets des explosions atomiques", a affirmé Me Benbraham en réfutant les termes d'essais ou/et de tests nucléaires. "À l'exception des accords d'Evian où il est question d'expérience scientifique, tous les autres documents officiels parlent d'explosions atomiques. Il n'est, donc, pas question de tests et encore moins d'expériences scientifiques", a-t-elle martelé. Pour elle, la France est, par conséquent, responsable de crimes contre l'humanité, faits imprescriptibles, et devra, un jour ou l'autre, en répondre. Et les faits en question sont extrêmement plus graves qu'on veut le faire accroire de l'autre côté de la Méditerranée puisque, selon Kadhem Laboudi, "la puissance des explosions de 1960 a été cinq fois plus importante que celle des bombes larguées sur Hiroshima et Nagasaki", 15 ans plus tôt. D'ailleurs, a-t-il encore souligné, les répercussions ont été ressenties en Afrique et en Europe. "Ces effets peuvent, d'ailleurs, se prolonger sur des générations", a-t-il encore affirmé pour souligner toute l'horreur de ce que la France a commis dans le Sahara algérien au courant des années 1960. Pour le physicien, il ne fait aucun doute que ces explosions atomiques découlent d'une stratégie de destruction réfléchie par le colonialisme français. Fatma-Zohra Benbraham et le Dr Kadhem Laboudi ont également déploré la mauvaise foi de l'Etat français qui reconnaît (49 ans après les faits) sa responsabilité, mais continue de rejeter les dossiers de demande d'indemnisation des victimes algériennes. "Mais le dossier avance", rassure l'avocate en rappelant que des vétérans français, également victimes des radiations, portent plainte contre leur Etat et réclament des indemnisations. Ce qui devrait aider à faire aboutir le dossier algérien que le ministre des Moujahidine, Tayeb Zitouni, a évoqué avec son homologue français lors de son voyage historique fin janvier dernier. S. Ould Ali